Dans l'Indre, des agriculteurs se lancent dans la production de biogaz

INDRE. Grâce à la construction d'un mega-méthaniseur, la nouvelle société Alliance Berry Energie Verte (SAS) mise à la fois sur la diversification des revenus des agriculteurs grâce à la production de gaz, et sur un traitement des déchets plus vertueux pour l’environnement.
Les méthaniseurs sont souvent redoutés par les riverains en raison des nuisances sonores et olfactives provoquées. Lundi 10 octobre, Daniel Rabier, chef de file du projet de l’ABEV, en a reçu une dizaine pour les rassurer.
Les méthaniseurs sont souvent redoutés par les riverains en raison des nuisances sonores et olfactives provoquées. Lundi 10 octobre, Daniel Rabier, chef de file du projet de l’ABEV, en a reçu une dizaine pour les rassurer. (Crédits : Reuters)

Trois immenses cuves d'environ 50 mètres constitueront le point central du futur méthaniseur géant, dont la construction vient de démarrer sur une parcelle de huit hectares à Luçay-Le-Mâle, petite commune de l'Indre proche de Valençay. Alimentée par une chaudière biomasse, l'unité sera ainsi la plus importante à l'échelle de la région Centre-Val de Loire. Prévu pour durer 18 mois, le chantier doit être livré en principe en avril 2024. Le futur dispositif aura deux vertus principales dans l'esprit des 51 éleveurs et céréaliers locaux associés dans le projet au sein de la SAS Alliance Berry Energie Verte (ABEV) pour l'exploiter.

D'une part, le méthaniseur sera en capacité de produire du biogaz ainsi que du digestat, servant à fabriquer les engrais. L'installation permettra, d'autre part, de transformer et valoriser les déchets agricoles, mais aussi les matières provenant de la communauté de communes environnantes ainsi que de l'industrie agro-alimentaire.

Signe que le dispositif constitue un projet structurant et stratégique pour la profession agricole dans l'Indre, l'ABEV a prévu d'investir au total 23 millions d'euros. Dans ce cadre, elle a fait entrer deux investisseurs extérieurs dans son tour de table qui détiennent au total 30% du capital. Il s'agit en premier lieu du bureau d'études nantais S3A qui a conçu et assurera la maîtrise d'ouvrage de la future unité de méthanisation. Naskeo Environnement, le fabricant basé, lui, à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine, est également associé au capital. Du côté des collectivités et des institutionnels, la communauté de communes Ecueillé-Valençay, mais aussi l'Agence de développement de la transition énergétique (ADEME) ainsi que la région Centre-Val de Loire, ont apporté leur soutien au projet. Cette aide s'est matérialisée via des prestations de conseil ou des subventions.

Diversification des revenus agricoles

« Le méthaniseur devrait commencer à produire du biogaz et du digestat à partir de 2024, assure Daniel Rabier, président de l'ABEV Le premier sera injecté dans GRT Gaz, le réseau de transport du gaz naturel. A la clé, des ressources conséquentes pour la société et ses associés agriculteurs qui pourront ainsi diversifier leurs revenus ». Grâce au digestat, matière organique issue parallèlement de la méthanisation et entrant dans la composition des engrais, le groupement d'agriculteurs compte par ailleurs réaliser des économies substantielles. Dans un contexte de hausse de 300% en un an du prix de l'engrais azoté, la démarche des céréaliers et éleveurs indrois permettra de réaliser une économie annuelle d'environ 100 euros par hectare cultivé.

L'aspect environnemental figure quant à lui à trois niveaux dans le projet. En premier lieu, le futur méthaniseur traitera annuellement entre 80.000 et 100.000 tonnes de déchets. Ces matières sont actuellement peu ou pas transformées. Seront notamment valorisés à l'avenir les fumiers de chèvres, le lisier, ainsi que les résidus de paille et de silos provenant des exploitations agricoles. La production de biogaz permettra en second lieu d'apporter au réseau l'équivalent de 15.000 tonnes de gaz issu des énergies fossiles. Une démarche de substitution largement encouragée par le gouvernement. Elisabeth Borne table pour 2030 sur une proportion de 30% à 50% de gaz issu des énergies renouvelables dans la consommation française. Enfin, l'équipement futur de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments de stockage permettra à l'unité d'auto-consommer sa propre production électrique.

Station de biogaz

La construction du méthaniseur doit aussi contribuer au développement du territoire. A terme, l'unité emploiera quatre salariés pour l'exploitation et l'entretien. La création, envisagée à l'horizon 2025, d'une station services de biogaz (GNV) jouxtant l'unité, permettra aussi d'alimenter, outre les tracteurs des associés de l'ABEV et les camions de transport des déchets, les engins agricoles des autres exploitations de l'Indre. Sa situation géographique sur l'axe Châteauroux dans l'Indre et Blois dans le Loire-et-Cher, à proximité des principaux nœuds routiers, a ainsi été volontairement choisie. « D'ores et déjà la marque New Holland propose des modèles fonctionnant avec ce type d'énergie verte », se félicite Daniel Rabier. « D'autres constructeurs suivront ce mouvement à plus ou moins brèves échéance ». Cette autre source de revenu contribuera également au retour sur investissement de l'unité de méthanisation, estimé à 10 ans.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.