Accélérer la relance. Depuis la présentation du plan à 100 milliards d'euros le 3 septembre dernier, le gouvernement n'a que cette expression à la bouche. A l'issue d'une réunion avec les fédérations professionnelles du bâtiment et des travaux publics (BTP), le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire a lancé: « Que l'argent mis sur la rénovation et le soutien aux travaux publics soit décaissé le plus vite possible ! »
Dispositif ouvert à tous
Dans le cadre du projet de loi de finances 2021, le gouvernement entend en effet doubler le budget dédié à la rénovation des logements privés, avec une enveloppe de 2 milliards d'euros réservée à MaPrimeRénov. La direction générale des Finances publiques (DGFiP) a ainsi été mandatée pour construire une plateforme Internet sur laquelle chaque ménage saura à quelle aide il est éligible. « C'est la meilleure façon de dire aux Français ''Voilà à quoi vous avez le droit' », a déclaré Bruno Le Maire.
Invité par La Tribune à préciser le mode d'emploi d'un tel site Web, le ministre de l'Economie a promis qu'il suffira de se rendre sur le site de la DGFiP et d'y déclarer ses revenus ainsi que la nature de ses travaux afin de connaître le montant de sa prime. « Si on veut que les ménages français prennent la décision de s'engager, il faut qu'ils puissent savoir », a insisté Bruno Le Maire, citant en exemple les primes pour la conversion des automobiles. Les nouveaux barèmes seront, eux, connus d'ici à la fin du mois, a fait savoir sa collègue Emmanuelle Wargon, chargée du Logement.
Le seuil des contrats publics relevé
A la différence du budget 2020 dont les plus riches étaient exclus, le dispositif sera ouvert à tous, quel que soit son niveau de revenus. « L'objectif, c'est l'emploi et la relance économique. Ce n'est pas de mettre des obstacles. En unifiant et en laissant tous les Français en bénéficier, on va accélérer », a répliqué le ministre de l'Economie à La Tribune.
Les procédures seront également simplifiées pour la rénovation des bâtiments publics. Le seuil des contrats publics sans passer d'appels d'offres devrait en effet être relevé de 70.000 à 100.000 euros. « Nous verrons si juridiquement si cela est possible, mais nous devons aller plus vite », a insisté Bruno Le Maire. La ministre du Logement Emmanuelle Wargon a, elle, déjà reçu les associations d'élus pour identifier les projets les plus urgents.
"Sans activité, pas de recrutement"
En contrepartie, les professionnels du BTP doivent prendre des engagements en matière d'emploi et de formations. « C'est une opportunité pour les jeunes et les apprentis », a martelé le ministre des PME Alain Griset. Objectif : aboutir, « dans quelques semaines », à une « charte » qui engagera l'ensemble des parties prenantes.
En attendant, lors de la crise de 2008, les entreprises du secteur « ont déjà le rôle d'amortisseur, quitte à baisser leurs marges », rappelait fin août à La Tribune Marie Dupuis-Courtes, vice-présidente de la Fédération française du bâtiment et de la CPME chargée de la Formation. Encore « échaudées », elles redoutent de « l'inertie » entre la réalisation des devis, les prises de décision et les réalisations concrètes. « Sans activité, il n'y aura pas de recrutement ni de jeunes ni d'apprentis », prévenait encore Marie Dupuis-Courtes.
Parmi les autres priorités identifiées par l'exécutif et les acteurs privés : le développement et la protection du label « Reconnu de l'environnement », « gage de réputation et de la qualité des travaux de rénovation énergétique », souligne-t-on à Bercy. Dans ce domaine, la simplification est également très attendue. « On a basculé de 100% d'activités chantiers à 30% d'administratif » confiait, récemment, le président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB), Jean-Christophe Repon à La Tribune.
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