Valoléique transforme les huiles alimentaires pour faire du biocarburant

Venue sur le marché de la valorisation des huiles alimentaires usagées utilisées pour la fabrication de biocarburants, la société nantaise Valoléique s’apprête à doubler ses capacités de production pour répondre aux besoins grandissants de l’industrie agroalimentaire.
Présente chez 3.000 clients, l'entreprise a collecté 2.800 tonnes d'huiles alimentaires usagées en 2020. 30% provient des cuisines de restaurateurs, cantines et cuisines centrales sur quinze départements et 70% de l'industrie agroalimentaire à travers la France.
Présente chez 3.000 clients, l'entreprise a collecté 2.800 tonnes d'huiles alimentaires usagées en 2020. 30% provient des cuisines de restaurateurs, cantines et cuisines centrales sur quinze départements et 70% de l'industrie agroalimentaire à travers la France. (Crédits : valoleique)

« La vente, ce n'est pas le problème... Tout le monde demande des matières premières. Aujourd'hui, avec la prise de conscience de la nécessité de réduire les émissions de Co2, l'intérêt pour les biocarburants est fort. Et l'avenir, c'est l'aérien... à l'image du Biojet, le carburant écologique lancé par BP ou l'HVO, le gazole paraffinique de synthèse mis au point par Total, qui, l'un comme l'autre affirme réduire de moitié l'empreinte carbone de leur carburant», lorgne Aurélien Houdbine, co-fondateur de la société Valéloique, spécialisée dans la collecte et le recyclage des huiles alimentaires usagées utilisées dans la production des biodiesels, récemment estampillés B7 à la pompe.

Issus de l'industrie chimique où l'un officiait dans la collecte des déchets et l'autre dans la régénération des solvants, Aurélien Houdbine et Arnaud Le Clanche ont uni leur savoir-faire en 2012 pour fonder Valéloique, à Bouaye, près de Nantes. « Et nous nous sommes mis à collecter les huiles de cuisson, de friture et les graisses dans les restaurants et l'industrie agroalimentaire», indique Aurélien Houdbine. Des matières dont les uns et les autres se débarrassaient comme ils le pouvaient, quand ça ne finissait pas dans les égouts... Armés d'un fondoir, de filtres, d'étuves et de cuves de décantation, le duo développe un process permettant de liquéfier et de séparer les fluides et les matières solides pour produire un mélange répondant aux acidités demandées par le cahier des charges des raffineurs (Nord Ester, Dielix...). « Lors de la production de biodiesel, les huiles alimentaires usagées et les graisses sont transformées en esters méthyliques par technique de transestérification afin d'obtenir des propriétés physiques proches de celles du diesel, dont le B7 qui en contient 7% », explique Aurélien Houdbine. De 2014 à 2019, l'entreprise a vu son chiffre d'affaires grimper de 280.000 euros à 2 millions en 2019.

Les restos à terre, l'agro sauve la mise

Présente chez 3.000 clients, l'entreprise a collecté 2.800 tonnes d'huiles alimentaires usagées en 2020. 30% provient des cuisines de restaurateurs, cantines et cuisines centrales sur quinze départements et 70% de l'industrie agroalimentaire à travers la France. « Le plus compliqué, c'est la collecte. On laisse des bidons dans les établissements que l'on récupère régulièrement », admet Aurélien Houdbine, privé d'une partie de son activité depuis l'entrée en vigueur du confinement. «L'activité restauration s'est complètement arrêtée lors du premier confinement. On a mis les chauffeurs au chômage partiel et fait profil bas. La collecte a progressivement repris avec les restaurateurs qui se sont mis à faire de la vente à emporter depuis le deuxième confinement. En revanche, notre clientèle « agro » a tourné normalement et même un peu plus, lorsque tout le monde s'est jeté sur les produits industriels pendant les confinements. Du coup, on a sauvé la face et on ne s'est jamais arrêté », observe le dirigeant de Valoléique, dont l'activité, à l'exception de 2020, progresse de 10% par an.

Une diversification dans le marc de café ?

Sur un marché parvenu à maturité, disputé par deux ou trois gros acteurs et quelques « petits », lui s'apprête à investir 300.000 euros pour acquérir un « tricanteur » pour séparer l'eau, l'huile et les matières organiques, des cuves, des filtres et une production de vapeur pour redimensionner l'outil, accroitre sa capacité de production et améliorer les conditions de travail de la dizaine d'employés. « Nous allons passer de onze à vingt-cinq tonnes jour », indique Aurélien Houdbine, qui envisage de se diversifier vers les déchets organiques ou le marc de café pour se développer, plutôt que de descendre dans la moitié Sud du pays où la collecte perdrait de son sens écologique. « On reste dans le même univers. Les CHR - Café-Hôtel-Restaurant - se retrouvent avec une quantité de marc dont ils ne savent pas quoi faire. On peut en extraire de l'huile mais c'est très couteux ou essayer de l'utiliser pour fabriquer des objets qui se substitueront au plastique », réfléchit-il. «Mais c'est dans l'agroalimentaire que se trouvent nos leviers de croissance. Là où l'on peut évoluer, c'est sur l'identification et la gestion des flux chez les industriels », estime-t-il.

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