Génériques : Teva mise tout sur les acquisitions

L'israélien a bouclé lundi son troisième rachat de l'année. Menacé par la perte de son produit phare Copaxone, il n'a d'autre choix que de grossir.
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Mais où s'arrêtera donc Teva ? Le groupe israélien a déboursé lundi 460 millions de dollars pour s'offrir 57 % du japonais Taiyo, le numéro trois des « copies » légales de médicaments dans l'archipel. Teva compte lancer une offre sur le reste du capital, ce qui valorise la cible à 1,3 milliard de dollars. Le 2 mai, le génériqueur avait mis la main sur l'américain Cephalon pour 6,8 milliards, dette comprise. Et à la fin mars, il annonçait la création d'une coentreprise dans les médicaments sans ordonnance hors des États-Unis avec le géant américain de la grande consommation Procter & Gamble aux revenus de 1 milliard de dollars.

Cette stratégie de croissance externe n'est pas nouvelle. Entre 2003 et 2010, le premier génériqueur mondial - 16,1 milliards de dollars de chiffre d'affaires l'an dernier - a signé pas moins de quatre acquisitions de plus de 1 milliard de dollars, la dernière étant le rachat de l'allemand Ratiopharm pour 5 milliards. Mais ce mouvement s'accélère depuis dix-huit mois et l'annonce par le PDG, Schlomo Yanai, d'un objectif ambitieux : doubler de taille d'ici à 2015 pour atteindre 31 milliards de dollars de chiffre d'affaires. « Les génériques sont une activité de volume. C'est par les économies d'échelle que l'on augmente la rentabilité », justifie un analyste anglo-saxon.

Recul de l'action

Mais cette stratégie peine à convaincre : en un an, l'action Teva a perdu 14 % à la Bourse de Tel-Aviv. Les résultats du quatrième trimestre 2010 et les prévisions 2011 ont déçu : aux États-Unis, premier marché du laboratoire avec plus de la moitié de ses ventes, le chiffre d'affaires des génériques a même reculé de 5 % sur les trois derniers mois de 2010. Mais c'est surtout l'avenir de la Copaxone, son blockbuster contre la sclérose en plaques qui lui a rapporté 3,3 milliards de dollars de revenus l'an dernier, qui inquiète. « Le brevet prend fin en 2014 aux États-Unis et en 2015 dans le reste du monde. Or Teva est déjà en procès avec Momenta, une branche du suisse Sandoz, et avec l'américain Mylan, qui menacent de commercialiser des génériques plus tôt », détaille l'analyste. L'arroseur arrosé, en quelque sorte. Car Teva a beau tirer les deux tiers de ses revenus des génériques, les médicaments sur ordonnance représentent plus de 20 % de son chiffre d'affaires - essentiellement via la Copaxone - et une part bien plus importante des profits.

Le rachat de Cephalon, en apportant à Teva d'autres médicaments de prescription et un portefeuille de produits en développement, doit lui permettre de moins dépendre de son médicament phare. Même chose avec les produits sans ordonnance dont le « business model » est proche de celui des génériques (importance des volumes, intérêt de capitaliser sur une marque) et à la rentabilité attractive : 20 % de marge opérationnelle en moyenne. Mais le métier historique de Teva devrait rester le coeur de son activité. Les dirigeants ont toujours dit qu'ils souhaitaient garder un équilibre entre génériques et médicaments de prescription. Le rachat de Taiyo va dans ce sens : le Japon fait figure de « marché émergent » pour les génériques, car son gouvernement veut les faire passer de 23 % à 30 % des volumes d'ici à 2012. « Le plus dur sera de trouver des cibles assez grosses pour rapprocher Teva de son objectif 2015 », conclut l'analyste.

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