D comme dette, demandeur d'emploi et démographie

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Une agence de Pole Emploi, à Paris. Copyright Reuters

C'est une dette dont on parle peu mais qui n'en augmente pas moins rapidement : celle du régime d'assurance chômage. Elle devrait atteindre selon l'Unedic 18,8 milliards d'euros à la fin 2013. Le nombre croissant de demandeurs d'emplois à indemniser alourdirait le déficit de 5 milliards d'euros en 2013, après 2,7 milliards d'euros en 2012.

L'Unedic assure que cette hausse ne représente pas un réel danger pour continuer à assurer le versement des indemnités, car la France bénéficie d'un taux bas pour emprunter sur les marchés financiers. C'est vrai, et les réformes - celle du marché du travail par exemple - voulues par François Hollande sont plutôt vues d'un bon ?il par les investisseurs internationaux.

Pour réduire structurellement cette dette, il faut évidemment que le nombre de demandeurs d'emplois baisse. Ce n'est pas ce que disent les prévisions, au moins pour 2013. Pourtant, ces demandeurs d'emplois ne sont pas inactifs, loin s'en faut, puisqu'ils ont représenté 60% des nouveaux auto-entrepreneurs en 2012, dont le total s'élève à 310.000. Des auto-entrepreneurs qui ont compté pour plus de la moitié des 549.975 créations d'entreprises l'année dernière ! A peine 170 de plus qu'en 2011.
Cette stagnation du nombre des entreprises n'est pas de bon augure pour augmenter la création de richesses, et il n'est donc pas étonnant que le PIB de la France doive rester quasi-stable en 2013.

Certains, comme le célèbre chroniqueur du New York Times et prix Nobel Paul Krugman, fustigent les politiques d'austérité qui tueraient dans l'?uf la croissance et feraient exploser le chômage. Il est vrai que la France doit réduire ses dépenses publiques pour contenir son déficit public cette année sous les 3% du PIB comme elle s'y est engagée au niveau européen.

D'autres économistes théorisent au contraire que l'austérité et son corolaire, la contraction du PIB, ne sont pas nécessairement synonymes d'appauvrissement généralisé. Ainsi, l'un d'eux, Philippe Bagus, qui publie ce mois-ci « La tragédie de l'euro » (Editions L'Harmattan), explique pourquoi « voir baisser le PIB n'est pas nécessairement une mauvaise nouvelle », en rappelant d'abord que « les dépenses publiques comptent positivement dans le calcul du PIB », et ensuite que « si l'équilibre des structures de production se trouve compromis par les effets d'un boom artificiel , le processus de rééquilibrage s'accompagnera nécessairement d'une baisse temporaire du PIB. » L'exemple qui illustre ce dernier propos est celui de l'Espagne, et son boom immobilier.

Il en est de même d'ailleurs d'un indicateur comme la démographie. L'opinion courante veut qu'un pays qui connait une croissance de sa démographie est synonyme d'une économie dynamique, puisque les individus âgés bénéficient du travail des plus jeunes, plus nombreux. Certains experts, se fondant sur une telle hypothèse démographique, pronostiquent ainsi un déclin à moyen ou long terme de l'Allemagne, tandis que la France, elle, serait gagnante grâce à son taux de natalité plus élevé.

La relation de cause à effet est peut-être moins mécanique. D'abord, depuis 2011, la population en Allemagne augmente et ce, après huit années de baisse consécutive. Si le nombre de naissances reste inférieur à celui des décès, en revanche la hausse de l'immigration, en particulier en provenance de l'Europe de l'est, a permis cette inversion de tendance.

La force économique du pays n'est pas pour rien dans le fait que nombre d'Européens - plutôt jeunes - de tous horizons s'exilent vers l'Allemagne pour trouver un travail et une meilleure vie. Et si elle reste dynamique, cette force devrait éviter à l'Allemagne le sort funeste que constatait l'économiste Alfred Sauvy dans sa "Théorie générale de la population au regard du passé": « Le vieillissement a touché plusieurs populations dans l'histoire : la Grèce, Rome et Venise en sont les exemples les plus fameux. A chaque fois, ce fut la mort de la société en question. »
 

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