Green business : les 5 tendances qu'il ne fallait pas manquer en 2012

Accentuation d'un glissement de la croissance verte vers l'Asie, partage et mutualisation des produits et services, ou encore ébauche d'une comptabilité d'un nouveau genre ont marqué l'année qui s'achève.
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Plus léger que les chiffres des investissements dans les cleantechs ou les capacités installées dans l'éolien ou le solaire, voici quelques tendances de l'année 2012, glanées ici et là. Accentuation d'un glissement de la croissance verte vers l'Asie, partage et mutualisation des produits et services, ou encore ébauche d'une comptabilité d'un nouveau genre ont marqué l'année qui s'achève. Dans les énergies renouvelables, les innovations, encore dans la tête de professeurs Nimbus, au stade du laboratoire ou en phase de test de prototypes, se multiplient pour pallier les faiblesses qui entravent leur développement, à commencer par l'intermittence et l'emprise au sol.

? Le soleil se lève à l'Est
Ca n'est pas nouveau, mais le phénomène s'accroît chaque année un peu plus : en termes de fabrication d'équipement, d'installation annuelle de nouvelles capacités de production ou d'objectifs d'amélioration de l'efficacité énergétique, l'Asie occupe systématiquement la première place du podium. D'abord grâce à la Chine, à la fois plus gros pollueur au monde, premier fabricant de panneaux solaires et premier marché pour les énergies renouvelables. Mais aussi à la Corée, véritable laboratoire pour les projets de réseaux intelligents et les expérimentations de smart cities.
Un chiffre relevé par le site américain greenbiz.com suffit à illustrer ce glissement inéluctable du green business vers l'Asie : alors qu'il y a 20 ans les Etats-Unis produisaient 40% des équipements solaires vendus dans le monde et la Chine 5%, les proportions se sont quasiment inversées. En 2012, la Chine occupe 54% du marché mondial du solaire, et la part des Etats-Unis est tombée à 6%.

? Montée en puissance de l'économie collaborative et substitution du produit par l'usage
Le chiffre a été claironné sur tous les tons il y a quelques jours, alors qu'approchaient les congés de Noël : 500.000 Français s'apprêtaient à covoiturer pour rejoindre leurs lieux de réveillon. Ce partage des coûts entre plusieurs occupants effectuant un même trajet (à distinguer de l'autopartage qui permet à plusieurs automobilistes de se partager l'usage d'un même véhicule mais à des moments différents) bénéficie du contexte de crise économique. De façon générale, ce contexte contribue au développement de l'économie collaborative, qui repose justement sur le partage d'un objet entre plusieurs personnes grâce aux nouvelles technologies de l'information, et s'accompagne logiquement d'une substitution du produit (par exemple l'automobile, mais aussi l'appartement, la perceuse, voire la jardin potager) par le service rendu. Un chiffre illustre à lui seul le succès de cette économie qui se développe entre particuliers: en 7 ans, le site de location d'appartements entre particuliers AirBnB a créé une offre équivalente (en termes de lits) à celle du groupe hôtelier Hilton en 70 ans d'existence.

? La comptabilité verte sort des limbes
Jusqu'à l'année dernière, hormis quelques chercheurs férus à la fois d'écologie et de comptabilité, pas grand monde ne se souciait de théoriser une comptabilité qui tiendrait compte des «externalités», ces effets secondaires (positifs ou, le plus souvent, négatifs pour l'environnement ou la santé humaine) induits par telle ou telle opération: la fabrication de ciment (très émetteur de gaz à effets de serre) ou d'automobiles (qui vont brûler des milliers de litres de carburant au cours de leur durée de vie et peut-être provoquer des accidents), la construction de nouvelles infrastructures routières (qui vont acheminer des millions de véhicules, perturber, voire faire disparaître les habitats naturels d'espèces végétales ou animales), etc...
Mais ce temps semble révolu, depuis que la marque d'articles de sport Puma a publié en 2011 et à grand renfort de communication son premier compte de résultats environnemental. Un an plus tard, un premier bilan vient d'en être établi, et l'expérience est appelée à se diffuser au sein de la maison-mère, le groupe PPR.
D'autres entreprises ont également manifesté leur intérêt suite à la présentation faite par Puma lors du dernier sommet de la Terre à Rio en juin dernier. Nul doute que les méthodes vont se multiplier et s'affiner. Avec toujours en toile de fond la problématique récurrente de la comparabilité, propre à tous les indicateurs utilisés pour mesurer la performance extra-financière.

? L'hybridation au service de l'intermittence
Outre le défi que représente pour les transporteurs d'énergie la décentralisation progressive de la production qui accompagne le développement des énergies renouvelables, l'intermittence de ces énergies, notamment l'éolien et le solaire, est souvent pointée du doigt comme principal obstacle à leur généralisation. Parallèlement aux recherches sur le stockage qui se poursuivent à grand renfort d'investissements (avec une montée en puissance des solutions utilisant l'hydrogène), de plus en plus de projets misent sur l'hybridation entre plusieurs sources d'énergie. Ainsi, la centrale Tehachapi-Mojave dans le sud de la Californie allie l'éolien et le solaire, afin de profiter au maximum du vent qui souffle surtout la nuit et du soleil qui ne brille que dans la journée. D'autres alliances sont plus inattendues. Certains partisans de l'énergie nucléaire affirment que de petits réacteurs (d'une puissance de 10 à 300 mégawatts (MW), à comparer avec une moyenne de 1.000 MW pour un réacteur classique) pourraient fournir l'énergie en base pour pallier les intermittences du solaire. Plusieurs entreprises, notamment le californien Pacific Gas and Electric et Florida Power & Light étudient cette piste pour donner un coup d'accélérateur à leur programme d'énergies renouvelables.

? Les océans, des surfaces quasi-infinies offertes aux énergies renouvelables
Juste derrière leur intermittence, la principale objection faite aux énergies renouvelables, c'est leur emprise au sol. Si le problème se pose essentiellement sur la biomasse (aggravé par le conflit d'usage entre nourriture et énergie, mis en lumière par les polémiques sur les agro-carburants), on la rencontre aussi sur l'éolien et le solaire. Dans un ouvrage traduit cette année en français, l'universitaire britannique David MacKay évalue ainsi à 100% la surface de l'Hexagone qu'il faudrait cultiver pour produire 100% de sa consommation d'énergie à partir de biomasse. Cette question de l'emprise au sol se poserait selon lui dans les mêmes termes si l'on entendait satisfaire les besoins énergétiques de la France uniquement par l'éolien ou par le solaire, même si la surface nécessaire serait dans ces cas de figure un peu moindre. Evidemment, ces calculs sont théoriques, puisque nul ne songe à produire 100% de la consommation française d'énergie à partir d'une seule et unique source.
Depuis quelques années, on parle de plus en plus d'énergies marines renouvelables. Stricto sensu, cela recouvre l'énergie des vagues (houlomotrice), celle des courants (hydroliennes), l'énergie thermique des mers (ETM) et l'éolien flottant. Officiellement, l'éolien posé en mer, plus développé, n'entre pas dans cette définition. Les programmes de développement d'ici à 2020 sont ambitieux, notamment en Europe. Mais le potentiel en est limité car il n'est pas techniquement envisageable (et encore moins économiquement rentable) de poser des éoliennes par plus de 30 à 35 mètres de fond.
D'où l'intérêt naissant pour l'éolien flottant, qui voit rivaliser de multiples technologies, en Europe (notamment en France) comme aux Etats-Unis, où l'université du Maine vient de développer un prototype qui sera testé en mer dès l'été prochain.
Plus surprenant encore, des projets de fermes solaires flottantes commencent à voir le jour. Ainsi, la fondation DNV (Det Norske Veritas) née en Norvège en 1864 et aujourd'hui spécialisée dans la gestion des risques, planche sur un concept baptisé SUNdy. Il s'agit d'une île solaire flottante de la taille d'un terrain de football, composé de 4.200 panneaux solaires à couche mince flexible, capables de produire au moins 50 mégawatts (MW), soit la consommation d'environ 30.000 personnes. Ces centrales solaires géantes épouseraient les mouvements des vagues, tout en étant capables, grâce à leur structure en toile d'araignée, de supporter de lourdes charges. Elles pourraient être en grande partie pré-fabriquées à terre, ce qui permettrait d'envisager des installations de grande taille en mer à un coût limité. Ses défenseurs ne manquent pas de souligner l'intérêt de telles centrales au large de mégapoles côtières regroupant des millions d'habitants et ne disposant que de peu d'espace pour des panneaux solaires.

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