Pourquoi le CAC 40 risque de ne pas monter bien haut

La plupart des analystes mettent aujourd'hui l'accent sur le potentiel de hausse des marchés actions. Ils soulignent leur faible valorisation. Mais dans une perspective historique, les prix des actions n'apparaît pas si bas.
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L'indice CAC 40, qui était tombé sous les 3.000 points au début du mois de juin, connaît ces derniers temps quelques soubresauts, après un début d'année en fanfare. Les incertitudes politiques ont - momentanément ? - repris le dessus.

Mais, à entendre de nombreux analystes, le boom des actions est pour bientôt. Car les fondamentaux sont particulièrement bien orientés. Les actions sont sous-valorisées, affirment notamment de nombreux analystes. En termes triviaux, elles ne sont « pas chères ». Comment l'affirmer ? La mesure de la valorisation d'une action se fait en rapportant son prix au bénéfice par action. Ce ratio, ou price earning ratio (PER), est aujourd'hui faible, en comparaison avec le niveau des dernières années. Ce qui est synonyme de « sous-valorisation ».
Pour l'ensemble de l'Europe, on parle aujourd'hui de PER proche de 15 voire moins, quand sont pris en compte la moyenne des bénéfices sur 10 ans, corrigés de la conjoncture. Ainsi le PER Graham & Dodd, qui intègre ces corrections, est plus proche de 10. Un niveau d'une faiblesse inconnue depuis le début des années 1980.

"Des valorisations d'entreprises attractives"

D'où l'affirmation des analystes de Schroders : « Les valorisations des entreprises européennes sont attractives à maints égards, tant par rapport à leurs valeurs passées que par rapport aux autres régions et classes d'actifs. Dans la sphère des actions, l'Europe se négocie avec une décote intéressante (ratio cours/bénéfice de 12,8) par rapport aux Etats-Unis (23,8) et à la région Asie-Pacifique hors Japon (20,4). »

Et de poursuivre : « Pour des raisons diverses, les valeurs européennes se sont toujours négociées à des niveaux inférieurs à ceux des Etats-Unis, et même si cet écart est peu susceptible de se combler entièrement, nous pensons qu'il va considérablement se resserrer, et prévoyons donc un rebond des actions européennes par rapport aux valeurs asiatiques et américaines. Les marchés européens peuvent néanmoins afficher de bonnes performances vu la faiblesse actuelle des valorisations et leurs liens avec la croissance mondiale. »

Une configuration inédite

Hugues Le Maire, directeur général de Diamant Bleu Gestion, partage cette analyse. « Les actions européennes se trouvent dans une configuration assez inédite où leur niveau de valorisation est globalement inadéquat compte tenu de leurs fondamentaux », écrit-il. « En raison d'une prime de risque exagérée sur ces actifs, leurs cours sont longtemps restés sous-évalués. Le rally boursier initié en juillet, avec le discours de Mario Draghi (gouverneur de la Banque centrale européenne), a commencé à compenser cet écart, mais la marge de revalorisation est encore grande pour atteindre des prix plus justes. »

Des prix justes ? Cette justesse sera évaluée en regard des bénéfices attendus en 2013, pour les entreprises cotées. Selon les analystes de la société de gestion Pictet, les profits par action devraient progresser en Europe de 9% en 2013. Mais cette hausse interviendrait après une baisse de 4% pour 2012. Dans ces conditions, sauf envolée du marché, la valorisation des actions devrait rester très modérée.

Une autre analyse, sur le long terme

Pour autant, peut-on dire que le prix des actions est anormalement faible, comme le suggèrent les optimistes, qui veulent croire à l'envolée des marchés ? En regard des 20 dernières années, c'est assurément le cas. Les actions s'achetaient jusqu'à 40 fois leur bénéfice, peu avant l'explosion de la bulle internet. Puis autour de 25 fois les bénéfices dans les années 2000.

Mais si l'on examine la situation sur très longue période, l'analyse change du tout au tout. Il n'existe pas de statistiques boursières européennes sur très longue période. Voilà pourquoi les analystes de Pictet mettent en avant la Bourse américaine (indice S&P 500), à laquelle les marchés européens sont largement connectés, sauf phénomène de crise de l'euro.

Or, à voir les PER depuis l'année 1919, si les niveaux actuels aux Etats-Unis, autour de 20, se situent bien en dessous des valeurs atteintes au cours des années 1990 et même 2000, ils n'apparaissent pas si faibles en regard de la moyenne de très longue période. Celle-ci est proche de 17.

Pourquoi les valorisations devraient-elles rester plus proches de cette moyenne historique que des valeurs des 20 dernières années ? Tout simplement parce que les perspectives de croissance des économies apparaissent durablement amoindries. L'Europe va traîner encore de longues années le boulet de sa dette. Aux Etats-Unis, l'assainissement budgétaire n'a pas commencé. "Certes, les grands groupes cotés vont chercher la croissance dans les pays émergents. Mais les perspectives de hausse des marges, donc de profits, apparaissent ténues", souligne-t-on chez Pictet.

Les valorisations boursières risquent donc de rester proches des niveaux actuels. Et la hausses des profits s'essoufflant, rien ne dit que les cours des actions européennes vont enregistrer des hausses fulgurantes au cours des mois à venir. Même si les tensions politico-économiques, liées à la situation des pays du sud de la zone euro, s'apaisent durablement.

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