Le financement public des énergies vertes menacé aux Etats-Unis

Les Républicains exploitent la faillite de Solyndra, qui avait bénéficié du soutien de Washington, pour remettre en cause ces aides.
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Solyndra n'est pas la seule entreprise américaine du secteur solaire à avoir déposé le bilan cet été. SpectraWatt et Evergreen Solar l'ont précédée de quelques semaines. Mais c'est la plus emblématique. En effet, c'est chez ce spécialiste des "tubes solaires" à base de cellules photovoltaïques à couche mince que Barack Obama avait choisi en juillet 2010 d'annoncer son projet de loi sur l'énergie et la création de millions d'emplois verts. Surtout, c'est la première start-up à avoir bénéficié d'un prêt garanti de 535 millions de dollars du département de l'énergie (DOE), dans le cadre du programme d'aides aux énergies alternatives instauré en 2005. D'où le caractère emblématique de son dépôt de bilan annoncé le 6 septembre dernier, menaçant quelque 1.000 emplois.

Du côté républicain, de nombreuses voix se sont élevées, soupçonnant de possibles conflits d'intérêt (l'un des actionnaires de Solyndra ayant participé au financement de la campagne d'Obama), une précipitation lors de l'octroi de ce prêt à Solyndra par l'administration Obama juste avant la date limite, et le maintien de son soutien alors même que les difficultés de l'entreprise étaient connues. D'où la visite du FBI dans les locaux de Solyndra et les explications que ses dirigeants devraient être amenés à apporter dans les prochains jours.

Au-delà de ce cas précis, c'est toute la politique américaine de soutien public aux "cleantechs" qui est remise en cause, à quelques jours de la finalisation d'un programme de 8,9 milliards de prêts garantis qui doivent être accordés à 14 projets en cours d'examens d'ici le 30 septembre. L'occasion est trop belle pour les Républicains, qui y voient la preuve de l'incapacité de l'administration à évaluer la viabilité d'une entreprise, et clament haut et fort que l'argent public ne doit pas soutenir des entreprises aussi risquées que les "start up" des technologies vertes.

La charge est particulièrement difficile à encaisser pour l'administration Obama dans cette phase de la campagne pour sa réélection. Pourtant, de nombreuses entreprises du secteur ou investisseurs soulignent de leur côté la rigueur observée dans l'octroi des prêts déjà attribués (18 pour un montant total de 9,4 milliards d'euros) et le rôle incontournable des fonds publics dans le soutien aux technologies émergentes.

Concurrence chinoise

A l'heure où la concurrence chinoise, largement soutenue pour sa part par de l'argent public, se fait plus menaçante que jamais pour l'industrie américaine des cleantechs, la fondation créée par Bill Gates a chiffré dans un rapport publié le 13 septembre à 10 milliards de dollars par an l'investissement nécessaire dans les énergies renouvelables, "un besoin que le seul secteur privé ne saurait combler". Les membres de la fondation, des patrons de grands groupes américains (dont General Electric, Xerox, Bank of America, ...), ont ainsi affirmé qu'il fallait non pas moins, mais plus de prêts garantis comme celui accordé à Solyndra.

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