À Nice, le patronat encourage les PME à devenir « vertes »

Convaincue que développement durable et responsabilité sociétale des entreprises sont deux leviers de croissance à ne pas négliger, l’Union patronale de Nice a mis au point un programme d’accompagnement baptisé Performance globale. Vingt PME en ont déjà bénéficié.
Une réunion de sensibilisation de PME niçoises au développement durable, avec Éric Marée, président du directoire de Virbac3.

« La question n'est pas de savoir s'il faut y aller, elle est de savoir comment y aller », résume Yvon Grosso.

Le patron des patrons de la métropole niçoise le martèle depuis deux ans : le développement durable et la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), ce n'est pas de la fioriture, mais bel et bien deux axes de croissance que les TPE comme les PME ne doivent surtout pas ignorer. Et le président de l'Union pour l'entreprise (UPE) des Alpes-Maritimes - qui regroupe le Medef et la CGPME - de continuer à porter la bonne parole, mais cette fois-ci au-delà des frontières niçoises, vers les territoires voisins du Var et des Alpes-de- Haute-Provence.

Car après une première mouture en 2012, le programme d'accompagnement baptisé Performance globale rempile pour une seconde édition, plus ambitieuse, qui entend accompagner 30 petites et moyennes entités - contre 20 précédemment - vers un management responsable. Et si elle peut se permettre de se montrer davantage téméraire, c'est que la première session, menée durant dix-huit mois de mars 2012 à septembre 2013, a porté ses fruits : 6 millions d'euros de marchés remportés, 33 CDI et 28 CDD créés, 9 contrats en alternance signés, des stratégies d'entreprises redéfinies intégrant la RSE comme outil allant dans ce sens et 3.000 tonnes de CO2 économisées...

Pourtant, lorsque l'idée est lancée voici deux ans, ce n'était pas gagné. Mais Yvon Grosso a su convaincre des parrains prestigieux, patrons de grands groupes installés sur la Côte d'Azur, d'entrer dans la danse : V. Mane Fils, Schneider Electric, le Crédit agricole Provence-Côte d'Azur, Virbac, EDF se sont engagés à participer activement aux ateliers collectifs et à échanger avec les PME qui, elles, ont dû montrer patte blanche avant d'intégrer le programme : répondre aux critères européens, afficher un chiffre d'affaires inférieur à 50 millions d'euros, employer moins de 250 salariés, être capitalistiquement indépendantes et donc avoir déjà un début de fibre verte, c'est-à-dire être convaincues que le développement durable, c'est formidable.

Durant un an et demi, le programme Performance globale s'est articulé autour de réunions collectives, avec les parrains - les uns échangeant sur les bonnes pratiques des autres -, et de séances individuelles, le tout portant sur l'intégration de la norme ISO 26000 (norme qui définit comment les organisations peuvent contribuer au développement durable) et de la stratégie carbone dans l'ADN des entreprises.

Et, cerise sur le gâteau, ce dialogue entre TPE-PME et grandes entreprises a aussi été une façon d'encourager le Small Business Act, l'autre dada du président de l'UPE 06, qui enfourche là un autre de ses chevaux de bataille!: favoriser le rapprochement entre donneurs d'ordre et sous-traitants. D'autant que tout cela n'est pas étranger à la stratégie adoptée par la métropole niçoise.

Un programme élargi à trois départements

Nice, dont on sait qu'elle est vigoureusement engagée pour bâtir l'Éco-Vallée (un chantier actuel de 10.000 hectares, 50.000 emplois nouveaux créés d'ici à trente ans), opération d'intérêt national (OIN) tournée vers le développement durable.

« Avec notre programme, nous voulons donner aux entrepreneurs locaux les capacités de répondre aux nouvelles attentes des marchés en termes de RSE, mais aussi de préparer les PME aux opportunités offertes par la perspective du développement des éco-entreprises, notamment dans le cadre de l'Éco-Vallée », argumente Yvon Grosso.

Et c'est bien cette capacité à dynamiser le territoire qui a séduit certains grands groupes à rempiler pour la seconde édition, à l'instar de Schneider Electric, présent à Nice et présidé par Daniel Philippe. Déjà parrain lors du premier accompagnement, il explique son intérêt pour l'opération très simplement :

« Le développement durable est déjà pour moi un sujet de conviction profonde. Aider la PME à identifier des axes de croissance, à investiguer, à progresser grâce à un parrain qui apporte son éclairage, c'est sortir du bla-bla habituel. C'est de l'égoïsme bienveillant, car si nous arrivons, par capillarité, à développer un climat innovant, alors les liens entre les acteurs vont se resserrer, le territoire sera propice à accueillir de nouvelles entreprises. »

Plus audacieux, le programme Performance globale version Paca Est - qui débute dans quelques semaines pour une durée de vingt-quatre!mois et a presque déjà rempli son quota d'entreprises - s'étend donc aux départements du Var et des Alpes-de-Haute-Provence.

« C'était à la fois une demande de nos parrains, installés pour la plupart sur plusieurs territoires, mais aussi des élus rencontrés qui se sont montrés intéressés pour insuffler du développement économique dans leurs départements », explique pour sa part Frédéric Dupouy, codirigeant de The Green Communication, le cabinet choisi par l'UPE 06 pour piloter l'accompagnement.

« J'attendais cet élargissement territorial » confirme Daniel Philippe qui possède une autre casquette, celle de président de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) des Alpes-Maritimes.

Lui, il a su convaincre l'UIMM nationale d'engager financièrement une enveloppe de 70.000 euros via son fonds F2I dédié à l'innovation. Ainsi 30% des entreprises sélectionnées seront des TPI-PMI et donneront l'occasion à l'UIMM de tester en grandeur nature sa propre charte RSE.

Un "plus" apprécié dans les appels d'offres

Côté accompagnement, en revanche, le programme 2014 sera davantage tourné vers l'efficacité énergétique et l'écoconception, « afin d'aider les entreprises à muter dans leurs business modèles », précise Frédéric Dupouy.

Côté parrains, à ceux de la première session, sont venus s'ajouter notamment ERDF, l'Aéroport de Nice-Côte d'Azur, Eiffage, Amadeus, Malongo ou encore E&Y. Côté entreprises, certaines ne cachent pas leurs ambitions, très concrètes, comme Saphelec, entreprise spécialisée dans la distribution de solutions et services télécoms :

« Nous avons lancé en fin d'année 2013 une division marché public qui répond à l'ensemble des appels d'offres télécoms sur toute la France. Le critère environnement commence à apparaître dans la notation des offres à hauteur de 5 ou 10%. Cela devient donc important de pouvoir insérer un rapport sur les actions entreprises dans le domaine de l'environnement. Nous avons également entrepris des actions comme le basculement de notre flotte de 44 véhicules vers des modèles hybrides, le recyclage des mobiles. Et il y a tout un travail à réaliser dans le cadre de ce programme pour formaliser tous ces éléments dans un document descriptif complet qui pourra être inséré dans nos réponses aux appels d'offres », explique le PDG de Saphelec, Hervé Mangot.

Intégrer la RSE dans sa stratégie se révèle donc être une bonne tactique, comme le confirme Areco, PME installée à Grasse, spécialisée dans la nébulisation. Engagée dans la première session, c'est grâce à l'accompagnement reçu qu'elle a remporté en 2013 un appel d'offres lancé par l'un des plus gros acteurs mondiaux du secteur de l'agroalimentaire et producteur de bananes, qui demandait la conception d'un nouveau présentoir PLV. Si le montant du contrat n'a pas été dévoilé, ni le nom dudit acteur, il a en tout cas permis à la petite entreprise d'aborder un marché auquel elle n'aurait jamais imaginé accéder. Comme quoi avoir la fibre verte permet aussi de mûrir...

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