« La taxe carbone est morte, vive la contribution climat énergie »

Interview de Sébastien Genest, président de France Nature Environnement dont le congrès s'est ouvert ce jeudi.

La Tribune - Comment appréciez-vous l'enterrement de la taxe carbone ?

Sébastien Genest - C'est compliqué de regretter une mauvaise mesure ! La taxe carbone a été mal engagée dès son origine car on a voulu créer une taxe carbone et non pas, comme le Grenelle l'avait demandé, une contribution climat énergie, c'est-à-dire une taxe dont l'objectif est de réduire les consommations de toutes les énergies, y compris la consommation d'électricité. Au lieu de cela, on a élaboré une taxe qui ne frappait que certaines énergies et qui favorisait de facto le transfert de consommations vers les énergies non taxées. Par ailleurs, à 17 euros la tonne de carbone contre les 32 euros préconisés par la commission Rocard, le taux de la taxe était bien trop bas pour avoir le moindre impact sur la vie quotidienne des gens et favoriser les changements de comportements. Enfin, telle qu'envisagée, la taxe carbone était inéquitable et socialement injuste. La taxe carbone est morte, vive la contribution climat énergie.

- Cette décision signifie-t-elle la mort du Grenelle de l'environnement ?

- Je ne le pense pas. L'abandon de la taxe carbone n'est pas synonyme d'une remise en cause du Grenelle de l'environnement. Au contraire, l'événement taxe carbone implique une poursuite et une relance de l'esprit du Grenelle, dont le champ d'intervention est large et ne peut se résumer uniquement à cette taxe. Des tas d'autres engagements du Grenelle ont également de l'intérêt. Je pense cependant que l'affaiblissement du dialogue qui avait présidé au Grenelle a participé à l'échec de l'émergence d'une fiscalité verte bien conçue et acceptable par l'opinion. Il est urgent de relancer ce dialogue.

- François Fillon jure qu'il déterrera la taxe lorsque celle-ci sera instaurée au niveau européen...

- C'est une affirmation qui n'arrive pas à me convaincre. Je pense qu'on ne parviendra à convaincre au niveau européen que si chacun donne l'exemple dans son propre pays. En revanche, la création d'un mécanisme aux frontières de l'Europe pour éviter le dumping environnemental me semble absolument nécessaire.

- Votre congrès aborde le thème de la compatibilité entre économie et écologie. Ce mariage est-il possible ?

- C'est un mariage difficile, qui semble vouloir concilier l'inconciliable, mais qui est absolument nécessaire. Aujourd'hui, notre système énergétique est basé sur des ressources qui sont amenées à disparaître. Il est urgent d'élaborer un nouveau système qui soit durable et qui respecte les équilibres naturels de la planète. Notamment parce que le non-respect ou l'oubli de ces principes ont des impacts sociaux très forts. Prenez l'exemple de l'eau : sans respect et sans l'aide des écosystèmes, il n'y a plus l'eau nécessaire à la vie et à toute activité ur terre.

- Quels sont, selon vous, les combats que FNE et l'ensemble des ONG environnementalistes doivent mener en priorité dans l'avenir ?

- Il faut être pragmatique. Dans un premier temps, il faut mettre en oeuvre toutes les décisions qui ont été prises par le Grenelle de l'environnement et ensuite être attentif au fait de les faire vivre. ce n'est pas suffisant, mais c'est nécessaire. A plus long terme, il faut bâtir un nouveau modèle de société afin de répondre au mieux aux enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés et dont l'impact sur nos vies et celles de nos enfants seront majeurs.

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Commentaire 1
à écrit le 25/03/2010 à 20:48
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conbien coutez vous a l'etat et quel est votre budget

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