La catastrophe de Fukushima redonne du crédit aux énergies renouvelables

Les avantages du nucléaire pâlissent face à l'éolien ou au solaire.
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La réaction des marchés a été immédiate. Dans la foulée de l'accident de Fukushima puis des débats sur le maintien du nucléaire, les cours des entreprises des énergies renouvelables se sont envolés sur toutes les bourses de la planète. Un phénomène d'autant plus marquant qu'il se produit dans un contexte de morosité boursière et qu'il fait suite à des mois de vaches maigres pour ces mêmes valeurs. Cet emballement boursier est-il étayé par des perspectives sérieuses d'un développement accéléré des énergies renouvelables ? Un récent rapport du MIT tablait sur la capacité des énergies renouvelables à prendre le relais du nucléaire et des énergies fossiles d'ici à 2030. David Dornsbusch, Président de l'association Cleantuesday, abonde en ce sens : "Les technologies et les capacités de production sont là. Nous allons fabriquer de quoi produire 25 gigawatts (GW) d'énergie photovoltaïque en 2011, et entre 30 et 40 GW d'énergie éolienne, rappelle-t-il. Ce n'est donc pas inenvisageable de passer à 100-150 GW d'énergies renouvelables par an d'ici à 2030, et de réduire dans le même temps la production de 50 %."

"En Chine, les capacités supplémentaires prévues dans les 10 à 20 prochaines années sont peu ou prou les mêmes pour les renouvelables et le nucléaire", rappelle pour sa part Nicolas Rochon, fondateur de la société R Green de conseil en investissement dans l'environnement. Surtout, l'argument du nucléaire bon marché ne tiendrait plus.

Répondre aux pics de demande

"Le coût des nouvelles centrales est démentiel", s'exclame David Dornsbusch. Cinq milliards d'euros pour 1,6 GW pour l'EPR, et un coût prévisionnel de 6 milliards par GW, soit 6 dollars par watt, selon des analystes américains. Et de diagnostiquer "une énorme contrainte pour concilier sûreté et coût, impossible à résoudre à court terme". D'autant plus que ce calcul n'intègre pas les coûts induits. "Les conséquences de Tchernobyl, c'est 260 milliards d'euros", rappelle Nicolas Rochon. Sans compter les incertitudes sur l'évolution des cours de l'uranium, ou l'ampleur des provisions pour démanteler des centrales. Dans le même temps, le coût des énergies renouvelables va poursuivre sa baisse et se rapprocher du niveau de celui des énergies traditionnelles. Mais la véritable problématique, selon lui, reste l'indépendance énergétique et la capacité à répondre aux pics de demande. La disponibilité des installations doit aussi être prise en compte. Celle des centrales nucléaires est de 85 % (7.500 heures par an), quand elle n'est que de 30 % pour l'éolien et 20 % pour le solaire. Seule la biomasse (63 % des énergies renouvelables produites en France) fait aussi bien que le nucléaire. Selon Nicolas Rochon la diversification du mix énergétique "pourrait entraîner une baisse de 10 et 30 % des prévisions d'installations". Or, si seuls 150 des 200 GW de capacités nucléaires supplémentaires prévues par l'Agence internationale de l'Energie d'ici à 2020 sont installés, il faudra mettre en place 150 GW de solaire supplémentaire pour compenser cette différence de 50 GW. De quoi justifier l'intérêt des investisseurs...

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Commentaires 4
à écrit le 27/03/2011 à 13:36
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Le coût des nouvelles centrales est démentiel", s'exclame David Dornsbusch. Les Français doivent demander l'abandon de la filière nucléaire comme le demande la plupart des pays européens !

à écrit le 25/03/2011 à 1:18
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Le stockage des excédents d'énergies renouvelables sous formes de gaz, d'air liquide, d'air comprimé etc avec un excellent rendement çà existe déjà : http://www.gizmag.com/storing-surplus-green-energy-as-natural-gas/15007/ http://www.gizmag.com/li...

à écrit le 25/03/2011 à 1:00
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Contrairement à ce que disaient les détracteurs de l'éolien qui prédisaient l'écroulement des mâts et turbines au moindre séisme et leur manque de résistance au tsunami, les éoliennes (onshore et offshore) installées au Japon ont non seulement résist...

à écrit le 21/03/2011 à 18:16
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cet article est presque parfait, il manque un absent de taille: l'hydrogène ... à suivre

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