Idée reçue #8 : "Les pays en développement n'essaient pas de limiter leurs émissions de CO2"

Plus menacés par le changement climatique que les pays développés, ils s'en préoccupent au contraire beaucoup et pour les grands pays émergents, créent de nouvelles filières industrielles très compétitives.
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À chaque sommet international sur le climat, c'est la même rengaine. Les pays émergents ou en voie de développement refuseraient de s'impliquer dans la lutte contre le changement climatique, au motif qu'ils ne sont pas responsables des quantités de gaz à effet de serre déjà accumulées dans l'atmosphère, et encore très peu de celles qui s'y échappent aujourd'hui.
Le rapport de l'Agence internationale de l'énergie paru en juin 2011, qui révèle la hausse record de 5 % des émissions mondiales en 2010, nuance ce constat. Si les pays émergents ne représentent que 40 % du stock de CO2 émis, ils sont responsables de 75 % de cette hausse !

Bien qu'ils aient d'autres sujets de préoccupation pour tenter d'élever le niveau de vie de leur population, de nombreux pays en développement, directement menacés par le changement climatique, se mobilisent fortement. Sans hésiter parfois à recourir à des moyens spectaculaires. Ainsi, les Maldives ont tenu juste avant le sommet de Copenhague de décembre 2009, un conseil des ministres sous-marin. Il s'agissait d'attirer l'attention du monde entier sur leur vulnérabilité face à une probable montée des eaux consécutive au réchauffement climatique.
La situation est très différente entre les « grands émergents » que sont la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie, (les fameux BRIC), voire la Turquie ou l'Afrique du Sud, et des pays moins développés d'Afrique ou d'Amérique latine. Ainsi, la Chine est devenue depuis deux ans le premier émetteur de gaz à effet de serre devant les États-Unis et l'Inde. Mais s'il est vrai que ces grands émergents, Chine en tête, n'entendent pas renoncer à leur croissance, ils commencent à prendre conscience de la menace qu'un changement climatique brutal ferait peser sur leurs visées économiques. Et peuvent adopter rapidement des modes de production plus propres que ceux utilisés en Europe ou aux États-Unis lors de la Révolution industrielle.

En effet, ils n'ont pas de vieilles usines à fermer ou à rénover à prix d'or. Ils pourront effectuer le fameux « leapfrog », ou saut de grenouille, qui leur permettra de s'équiper directement en technologies les plus efficaces. Ainsi, c'est en Chine que se trouvent le plus de centrales au charbon «propres». Même chose pour la voiture. Premier marché automobile au monde, la Chine prévoit 200 millions de voitures électriques sur ses routes en 2020 (2 millions en France). L'Inde, comme la Chine, a annoncé des objectifs de « décarbonation » de son économie, consistant à produire plus de PIB en émettant moins de CO2. Les deux pays ont également commencé à mettre en place des marchés locaux du carbone, sur des modes qui diffèrent cependant du marché d'échange de quotas européen.

Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) publié en juillet 2011, pour la première fois e, 2010, les pays en développement ont plus investi dans les énergies renouvelables que les pays développés : 72 milliards de dollars, contre 70 milliards. Ils accueillent aussi la moitié des nouvelles capacités de production installées en 2010. En 2004, leurs investissements ne représentaient que le quart de ceux des pays développés...

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