Idée reçue #9 : "Le gaz est une énergie propre"

Le gaz naturel, promis à un brillant avenir pendant la phase de transition vers des énergies moins « carbonées », et plus encore depuis l'accident de Fukushima, émet moins de CO2 que les autres énergies fossiles, mais ne peut être qualifié d'énergie propre.
Reuters

Un bond de 50 % d'ici à 2035. C'est ce que pronostique l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport publié en juin 2011 qui prévoit un « âge d'or pour le gaz naturel ». Principalement tirée par les pays en développement, cette explosion de la demande est encore renforcée par le ralentissement des projets nucléaires (voire la fermeture de certaines centrales) faisant suite à l'accident de Fukushima survenu en mars 2011 au Japon. L'agence évalue ainsi à 10 % les projets nucléaires qui devront être remplacés « au pied levé » par d'autres sources d'énergie. Ce qui désigne tout naturellement le gaz, disponible en quantité et qui requiert de relativement faibles investissements de départ. On estime les réserves à quelque soixante-quinze ans de consomma- tion au rythme actuel. En revanche, pour obtenir du gaz liquéfié, plus facile à transporter, les investissements évalués par l'AIE sont nettement plus élevés.

L'AIE estime qu'en 2035, la part du gaz dans le mix énergétique mondial passerait de 21 à 25 %, se rapprochant du pétrole (qui s'établirait à 27 %) et dépassant le charbon. La consommation indienne serait multipliée par quatre et celle du Moyen-Orient par deux. La Chine quant à elle, qui importe déjà autant de gaz que l'Allemagne, prévoit dans son dernier plan quinquennal de mars 2011 de multiplier par plus de deux sa part dans son mix énergétique et ce d'ici 2015 seulement. Elle devrait dans le même temps devenir le premier producteur au monde devant les Etats- Unis. Or le gaz n'est pas une énergie si propre que ça. Les émissions de CO2 d'une centrale à gaz ne sont que deux fois moins élevées que celles d'une centrale au charbon, et elles pèsent déjà à l'échelle mondiale 20 % des émissions liées à l'énergie.

Pour couronner le tout, l'AIE prévoit que les gaz « non conventionnels » (gaz de schiste, de houille, etc.) pèseront pour 40 % de l'augmentation des volumes produits d'ici 2035, ce qui permettra de contenir les prix à un niveau raisonnable.
Or l'exploitation de ces gaz de schiste, qui a alimenté la polémique au printemps 2011 en France (pour aboutir à une interdiction de la seule technique dite « de fracturation hydraulique ») est très controversée en raison précisément de ses impacts sur l'environnement. Nécessitant l'injection sous pression de grandes quantités d'eau additionnées de produits chimiques susceptibles de contaminer les nappes phréatiques, elle s'accompagne en outre d'une multiplication des puits sur un périmètre restreint, pour pallier la chute rapide des rendements d'un puits donné. Une baisse de rendement qui fait d'ailleurs craindre à certains observateurs (dont un journaliste du New York Times, Ian Urbina, en juillet 2011), que les réserves des Etats-Unis aient été largement surestimées. D'après un géologue texan, cette surestimation serait de 73 à 350 % pour le seul Etat du Texas. La taille de la fourchette donne une idée du flou qui règne sur les rendements envisageables.

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