Les détails précis de cette opération de 10 millions d'euros au total, apportés par le fonds Capenergie 2, ne sont pas dévoilés. "Nous détenons une participation minoritaire significative dans Abakus Solar aux côtés des actionnaires historiques formés par le management, les fondateurs et le groupe taïwanais AUO, un spécialiste de composants pour l'électronique grand public", souligne Marc-Philippe Botte, directeur d'investissement énergies renouvelables de CAPE.

Une stratégie européenne
Crédit Agricole Private Equity tisse une toile solaire de plus en plus complète en Europe. Il a signé, il y a un peu moins d'un an, une opération assez similaire en Belgique, avec Ikaros Solar (2 M? d'investissement), avec une même stratégie duale : investissement en capital et financement d'infrastructures. En Italie, CAPE a misé, en 2009, sur Elettrostudio Energia, un producteur d'énergies vertes (solaire, éolien, biomasse...).
Depuis 2009 en France, le fonds appuie Urbasolar, très bien positionnée sur son marché et rentable, souligne Marc-Philippe Botte. Et CAPE est aussi au capital du fabricant de trackers Exosun, branché notamment sur les appels d'offres photovoltaïques dans l'Hexagone. Le fonds devrait en revanche sortir d'Aérowatt (éolien, solaire) dans les prochains mois.
Abakus Solar a été créée dans les années 1990 et son siège est implanté à Gelsenkirchen, dans l'ouest de l'Allemagne. L'entreprise fait partie des poids moyens du solaire allemand avec un chiffre d'affaires de 112 millions d'euros en 2011, pour 95 salariés. Elle est loin d'égaler des développeurs concurrents comme Phoenix Solar (636 M? de CA en 2010), Juwi (800 M? sur les énergies vertes), Q-Cells ou encore Siemens. Mais Abakus Solar bénéficie d'un fort potentiel car elle n'est pas face à un seul gros acteur dominant, estime CAPE. Sur un marché allemand atomisé, le fonds français estime que la société pourrait participer à des opérations de croissance externe avec comme cible des acteurs réalisant 30 à 50 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Abakus : internationalisation et financement de projets
Les 5 millions de fonds propres apportés par CAPE vont surtout permettre à Abakus Solar d'accélérer son internationalisation (Etats-Unis, Chine, Afrique du Sud, Inde...). Le groupe développe et construit pour compte de tiers des centrales au sol et en grandes toitures (profil EPC - Engineering, Procurement and Construction). Il réalise pour l'instant les deux tiers de son activité en Allemagne et se développe déjà en Italie, aux Etats-Unis, à Taïwan...
Abakus Solar souhaite aussi faire évoluer son modèle économique en investissant dans quelques projets avec CAPE, pour en augmenter leur valeur. "Abakus Solar cherche à valoriser autrement ses développements. Les actifs d'une centrale logés dans le holding d'infrastructures détenu avec CAPE ayant prouvé la qualité de sa production pendant deux ou trois ans présenteront une valorisation plus importante sur le marché", explique Marc-Philippe Botte.
C'est la raison d'être d'Abakus Solar Power. Les 5 millions apportés par CAPE à cet holding d'investissement financeront des projets, dont un premier grand site en Italie. Abakus Solar sera minoritaire à 20% sur les opérations et apportera 1 million à Abakus Solar Power. Avec l'effet de levier, la puissance d'investissement de cette holding s'élève à 30 millions d'euros, de quoi développer une quinzaine de MW de solaire minimum.