Aberdeen, une ville dans le vent

La région capitalise sur son expérience dans le pétrole pour se convertir à l'éolien offshore.
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On n'y voit goutte depuis l'hélicoptère parti d'Aberdeen dans une « purée de pois » typiquement écossaise. Mais soudain, apparaît dans la brume la torchère d'une plate-forme pétrolière, jouxtée, à deux kilomètres seulement, de deux gigantesques éoliennes. Nous sommes à la verticale de Beatrice, le champ de pétrole découvert dans le Moray Firth en 1976 et exploité depuis 1984. Les deux éoliennes, qui alimentent la plate-forme en électricité, ont été installées en 2006. Hautes d'environ 100 mètres, elles sont dotées de pales de 64 mètres. Mais le record mondial qu'elles détiennent est sous-marin. Scellées par 45 mètres de fond, ce sont les plus profondes à ce jour. Et les plus puissantes (5 MW).

L'équipe à l'origine de ce démonstrateur, qui a vocation à valider la technologie de l'éolien en eaux profondes, a rejoint l'entreprise SeaEnergyRenewables Ltd (Serl) créée et dirigée depuis 2008 par Steve Remp. Cet Américain, installé en Écosse depuis 1971, a fondé Ramco Energy en 1977. Après trente-deux ans dans l'industrie pétrolière, notamment en mer Caspienne, Steve Remp a pris il y a quelques semaines l'initiative spectaculaire de changer le nom de son entreprise (qui détient 80% de Serl) en SeaEnergy plc. Sa décision de céder dans les deux prochaines années l'intégralité de ses actifs gaziers et pétroliers pour se consacrer au développement de projets éoliens offshore, approuvée par ses actionnaires, reflète l'évolution de toute une région.

Aberdeen veut capitaliser sur quarante années d'exploitation des ressources pétrolières et gazières de la mer du Nord pour prendre la tête de l'éolien offshore en Europe. Les compétences, les infrastructures et les services naguère dévolus au pétrole (hélicoptères, navettes, personnel de maintenance, etc.) sont justement ceux nécessaires au développement d'un secteur que le climat local et les ambitions nationales promettent à un bel avenir. « C'est une formidable occasion de diversifier notre industrie, créer de l'emploi, retenir les talents, favoriser le transfert de compétences, nous faire connaître sur un plan international? », se réjouit Iain Todd, de l'Areg (Aberdeen Renewable Energy Group).

Rôle de premier plan

L' Écosse , qui se targue de détenir 25% du gisement éolien européen, entend jouer un rôle de premier plan dans les appels à projets du « Round 3 », qui doit doter la Grande-Bretagne d'une puissance de 25.000 MW (25 GW) dans l'éolien offshore en 2020. « Le succès des éoliennes de Beatrice est déterminant pour les objectifs du gouvernement », assure Steve Remp. Et pour son entreprise, qui a noué des coentreprises avec Aitricity, filiale de Scottish & Southern Energy, et l'allemand RWE pour des fermes offshore d'une capacité totale de 1.800 MW, s'est associée au portugais EDP Renovaveis pour participer au Round 3, et prévoit de développer 1 GW en propre dans les cinq ans.

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