Eco-Emballages progresse mais reste critiqué

Pour son vingtième anniversaire, l'éco-organisme chargé de collecter les sommes destinées au financement du recyclage des emballages se félicite du chemin parcouru depuis 1992. Mais les collectivités sont nettement moins satisfaites de ses services.
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Eco-Emballages, qui a vu le jour il y a tout juste 20 ans, est fier du chemin parcouru. En deux décennies, le taux de recyclage des emballages ménagers est passé de 18% à 64%. Une étude de l?institut de sondages BVA montre que les Français sont très majoritairement (91%) convaincus de l?utilité de trier ses déchets et savent assez bien (89% de bonnes réponses) que faire de tel ou tel emballage, de la bouteille plastique à celle d?huile en passant par celle de shampoing.

Autres enseignements de l?étude : les consommateurs estiment que le «gouvernement, qui laisse faire» est le premier responsable de la dégradation de l?environnement. Pour améliorer leurs performances de tri, ils attendent des maires qu?ils s?impliquent davantage dans la collecte et le recyclage, et des industriels qu?ils précisent les consignes de tri sur les emballages. C?est déjà le cas sur 3 milliards d?emballages (sur un total de 150 milliards) et la loi prévoit que ce soit généralisé d?ici à 2015.

Près de 80% à la charge du consommateur

Depuis 1992, Eco-Emballages bénéficie d?un agrément de l?Etat pour remplir sa mission: collecter les contributions des industriels assujettis au dispositif européen de responsabilité élargie du producteur (REP), qu?elle reverse aux collectivités territoriales chargées de collecter les déchets.
De leur coté, les quelque 50.000 entreprises adhérentes ont progressé dans l?éco-conception et produisent de moins en moins d?emballages. Une bouteille d?eau en plastique pèse ainsi aujourd?hui 30 grammes en moyenne contre 45 il y a 20 ans.
Dans le cadre de son agrément renouvelé il y a deux ans, Eco-Emballages vise un taux de recyclage de 75%, soit 400.000 tonnes supplémentaires, et s'est engagé à couvrir 80% des frais engagés par les collectivités pour la collecte des déchets. «Nous sommes à 76%, nous y parviendrons», assure, confiant, Eric Brac de la Perrière, son directeur général depuis quatre ans. Cette somme est versée par les entreprises qui affichent le fameux point vert, et qui la répercutent au consommateur. Le contribuable s?acquitte des 20% restant à travers la fiscalité locale.

Mais encore plus de 20% à la charge du contribuable

Et le sujet fait débat. D?ailleurs, lors du renouvellement de l?agrément en décembre 2010, outre la forme (le cahier des charges avait été publié quelques jours seulement avant que la commission consultative rende son avis) c?est aussi le fond que des ONG et l?association Amorce, (qui regroupe 600 collectivités et des entreprises privées du recyclage) avaient vivement critiqué.

Et ces critiques demeurent. «Le Grenelle avait fixé à 80% du coût net optimisé la part d?Eco-Emballages en 2012», rappelle ainsi Gilles Vincent, président fondateur d?Amorce. Tout le principe de la responsabilité élargie du producteur, c?est de faire payer le consommateur plutôt que le contribuable, pour qu?il puisse choisir les emballages les plus «verts» et le cas échéant faire pression sur les industriels.

Ensemble, consommateurs et contribuables paient 1,33 fois le coût effectif de la collecte

«Au lieu de cela, Eco-Emballages lie cet objectif de 80% à l?atteinte d?un taux de recyclage de 75% (contre environ 68% aujourd?hui)», dénonce Gilles Vincent. Or, puisque les dernières tonnes sont les plus chères à aller chercher, les collectivités locales n?iront pas, faute de moyens. Gilles Vincent déplore surtout l?inefficacité du dispositif. «Aujourd?hui, en additionnant la part consommateur et la part contribuable, on paie 1,33 fois le coût du traitement effectif», assure-t-il. Il pointe du doigt à la fois la part trop faible des sommes collectées effectivement reversée aux collectivités, et une pression insuffisante exercée par Eco-Emballages sur les industriels. Ceux-ci, par exemple, cotisent sur la base du déclaratif, en déduisant de leur assiette les quantités consommées hors domicile ou vendues par Internet. "Ce serait plus simple qu'ils soient assujettis sur la totalité de leur production"...plaide Gilles Vincent.
 

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Commentaires 3
à écrit le 03/12/2012 à 23:13
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Le nombre de gens qui jettent tout par terre est incroyable. Par exemple c'est 1/2 tonne de déchets divers par km d'autoroute chaque année en France. Le constat est différent dans les pays du Nord grâce aux consignes et autres sytèmes de retour contr...

à écrit le 03/12/2012 à 15:46
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Il serait peut être temps d'indiquer sur les paquets s'ils sont recyclables ou non ! Et aussi d'avoir une même règle pour tout le pays ! Actuellement, dans une ville vous pouvez recycler les sacs plastiques ou les emballages de yaourts et alimentaire...

le 04/04/2013 à 19:16
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Pour 95% de la population les sacs plastiques, emballages de yaourt et autres barquettes ne font pas partie des consignes de tri.... Il s'agit seulement de test sur une échelle locale pour à terme trier l'ensemble des emballages alimentaires. Une har...

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