Le nouveau visage de l'économie moins carbonée

Nouveaux acteurs et nouvelles alliances, impliquant les secteurs public et privé, reflètent la transition vers une société plus sobre.

L'image du budget a ceci d'efficace qu'elle parle aussi bien à la ménagère qu'au chef d'entreprise. Considérant la période entre 2000 et 2050, le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) a calculé le « budget carbone » correspondant à une limite de la hausse des températures fixée à 2 oC. Selon ses calculs, sur la base de la tendance actuelle, le budget à ne pas dépasser d'ici à 2050, établi à 13 gigatonnes de CO2 (soit les émissions cumulées de la Chine et des États-Unis pour la seule année 2008) sera épuisé dès 2034. En 2008, les émissions ont été supérieures de 10 % au budget. Même l'Europe, réputée bonne élève, le dépasse de 7 points. Alors que, sur une base annuelle, le taux de « décarbonisation » aurait dû s'établir à 2 %, il n'a été que de 0,8 % entre 2000 et 2008. Pour rattraper ce retard, il faudrait qu'il passe à 3,5 % par an d'ici à 2020.

PwC rappelle que, selon les calculs de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), cet effort correspond à une dépense supplémentaire de 312 milliards d'euros en 2020 et 798 milliards en 2030, correspondant à 18.000 éoliennes de 3 MW et 20 centrales nucléaires par an, 300 centrales solaires à concentration, 50 centrales hydroélectriques et l'équipement de 30 % des centrales à charbon en systèmes de captage et stockage de CO2.

Évidemment, un marché global du carbone et un signal prix fort favoriseraient grandement des investissements d'une telle ampleur, tout comme un cadre de transfert de technologies des pays développés vers les moins développés, garantissant à la fois un niveau suffisant de rentabilité pour les industriels et l'accessibilité aux technologies propres pour les pays pauvres.

Mais on observe d'ores et déjà une recomposition du paysage économique caractérisée par l'émergence et la croissance rapide de nouveaux entrants, notamment dans les énergies renouvelables, une activité soutenue de fusions et acquisitions dans le secteur des cleantechs, de nouveaux types d'alliances et de partenariats public-privé. « L'urgence écologique fait prendre conscience de la nécessité de nouvelles infrastructures », observe Thierry Raes, associé du cabinet PwC en charge de l'activité développement durable pour la France. Et si cela relève de la responsabilité de la puissance publique, l'état actuel des finances favorise les partenariats avec des opérateurs privés, qui y gagnent, en échange, l'assurance d'un flux de revenus récurrent. Les investissements en capital-risque dans les cleantechs ont ainsi doublé (voire infographie) entre les deuxième et troisième trimestre 2009, rappelle PwC.

Véhicule électrique

Autre tendance lourde, l'apparition d'alliances au sein de consortiums dédiés à des projets spécifiques. Constructeurs automobiles, producteurs d'électricité, fabricants de batteries s'associent ainsi pour le déploiement du véhicule électrique. Producteurs d'énergie et acteurs de l'information et de la communication travaillent ensemble à l'élaboration de réseaux de distribution d'énergie et de compteurs intelligents, etc. n

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