Des ratés dans le projet de charte du fonctionnaire "éco-responsable"

Initiative intéressante, mais de nombreuses lacunes. C'est en résumé l'appréciation du Conseil national du développement durable (CNDD) au projet de charte du fonctionnaire éco-responsable que lui a soumis pour avis le ministre de la Fonction publique, Renaud Dutreil.Soucieux de rendre l'Etat exemplaire en matière d'environnement, le ministre a fait écrire une charte en dix engagements à laquelle les quelque 2 millions d'agents de l'Etat sont invités à adhérer individuellement. Les recommandations qu'elle édicte vont de gestes écologiques simples comme "Je m'engage à éteindre les lampes et luminaires lorsque je quitte mon bureau" ou "à éteindre mon matériel informatique lorsqu'il n'est pas utilisé" à d'autres principes incitant à économiser le papier et privilégier le papier recyclé, pratiquer le tri sélectif des déchets ou encore "signaler toute fuite d'eau et [s']assurer que les robinets ne sont pas ouverts inutilement".Chaque engagement, dont on peut constater qu'il relève pour le moins d'un grand bon sens, est accompagné d'une sorte de court exposé des motifs qui rappelle par exemple qu'"une ampoule classique allumée toute la journée coûte 69 euros par an" ou qu'en vingt-quatre heures un ordinateur en veille "consomme autant que pendant trois heures d'utilisation"."Infantilisante." L'intention d'associer les agents de l'Etat "à des enjeux sociétaux" relève "d'une bonne initiative", commente le CNDD qui "salue particulièrement la recherche des aspects pédagogiques et concrets du document".Pour autant, la charte proposée comporte au moins trois risques, analysent-ils. Le premier est qu'elle soit mal interprétée par les agents qui pourraient y "discerner de la part de leur employeur une nouvelle tentative de limiter leurs crédits et leurs moyens". Pis, certains ne céderaient pas à la tentation de "rapprocher [la charte] de la baisse parallèle des effectifs". Faut-il comprendre que, en ces temps de revendications salariales et de non-remplacement de fonctionnaires partant à la retraite, le CNDD craint que la charte ne rate sa cible et n'aboutisse qu'à alimenter la grogne sociale ?Deuxième risque, celui d'une interprétation "infantilisante" de la charte qui se réduit à une "série de bonnes actions quotidiennes" sans que les gestes qu'elle impose ne s'inscrivent "dans un contexte plus large". En clair, le ton de la charte ressemble par trop à celui d'un parent intimant à sa progéniture de bien se comporter sans lui expliquer les tenants et les aboutissants d'une posture écologique.Troisième risque enfin, celui du rejet pour cause de contradiction. Si l'on invite un agent à réutiliser son gobelet toute une journée (article 9 de la charte) alors que la machine à café en délivre automatiquement, les agents constateront immédiatement "la contradiction entre la proposition gouvernementale et l'état du parc de distributeurs de son administration", relève le CNDD. A moins de supprimer les machines à café ? Au nom de l'éco-responsabilité, bien sûr.Rémy J
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