Santé : la Mutualité met en garde Sarkozy

Nicolas Sarkozy veut ramener durablement à l'équilibre l'assurance-maladie, qui sera encore en 2008 lourdement déficitaire. Est-cepossible ?L'Allemagne y est parvenue. En France, nous pouvons mieux gérer l'assurance-maladie et arriver à des déficits plus acceptables. La branche maladie de la Sécurité sociale va encore afficher cette année un déficit de plusieurs milliards d'euros, qu'il faudra sûrement rebasculer dans la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades), qui n'apurera pas sa dette avant 2021. Cette situation est ahurissante, il faut arrêter ce mode de fonctionnement dont les Français sont les premières victimes.Pour y parvenir, le président de la République veut distinguer " ce qui doit être financé par la solidarité nationale et ce qui doit relever de la responsabilité individuelle à travers une couverture complémentaire ". Êtes-vous favorable à une telle concurrence ?Ce n'est pas une bonne solution. Si on cherche à régler les déficits de l'assurance-maladie en déportant des pans entiers de prise en charge vers les assurances complémentaires, les mutuelles se trouveront en situation de multiplier par deux ou trois leurs cotisations par rapport au tarif actuel. Cela créera un mécontentement politique et, comme toute une catégorie de personnes ne pourra plus payer ses cotisations, on verra apparaître des poches d'assistance, que l'État devra financer. Autre chose est d'imaginer une nouvelle complémentarité avec l'assurance maladie obligatoire.Au sein du gouvernement, certains évoquent la piste de laisser les complémentaires santé rembourser seules les soins dentaires et l'optique. Est-ce une bonne idée, dans la mesure où mutuelles et assureurs sont déjà, sur ce créneau, largement mis à contribution ?Ce ne serait pas une bonne chose de supprimer totalement les remboursements de l'assurance-maladie obligatoire, car cela entraînerait une démédicalisation et, en bout de course, une baisse de la qualité des soins. Par exemple, on pourrait craindre une diminution des dépistages pour certaines pathologies lourdes, comme les cancers de la bouche, qui sont aujourd'hui détectés par les chirurgiens dentistes. Il faut que l'optique et le dentaire restent dans le champ du médical.Quelles propositions allez-vous faire au chef de l'État pour réformer le financement du système de santé ?Nous acceptons de discuter de tout, sans tabou, pour peu qu'on ne considère pas les mutuelles comme les variables d'ajustement de l'assurance-maladie. Concernant les maladies chroniques qui représentent désormais l'essentiel des dépenses, il faut imaginer des prises en charge autres que des paiements à l'acte des professionnels de santé, lorsqu'il s'agit de soins répétitifs. La rémunération des médecins pourrait passer par des forfaits sur l'année et dans ce cadre, les complémentaires pourraient apporter un plus. Nous recommandons également d'évaluer les pratiques médicales, de redessiner le système hospitalier et d'améliorer la coordination entre l'hôpital et la médecine libérale. Il faut également une meilleure information des médecins, afin que la France ne soit plus le premier consommateur mondial de médicaments.
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