L'Espagne bataille ferme pour les fonds communautaires

C'est une bataille cruciale pour l'Espagne qui vient de commencer à Bruxelles : celle des perspectives financières de l'UE pour la période 2007-2013. L'enjeu est capital pour un pays qui percevra, cette année, de l'ensemble des fonds structurels et de cohésion, pas moins de 8,836 milliards d'euros, soit 1,05 % de son PIB. Des fonds que l'élargissement de l'UE d'une part, mais aussi le développement du pays de l'autre, remettent en question."Effet statistique." Malgré ses appréhensions initiales, le gouvernement de Madrid semblait pourtant avoir remporté une première victoire, en obtenant de la présidence luxembourgeoise qu'elle accepte que ne lui soit retiré que le fonds de cohésion, versé aux pays ayant un PIB per capita inférieur à 90 % de la moyenne communautaire. L'"effet statistique" lié à l'adhésion de pays moins avancés a fait que l'Espagne a automatiquement franchi cette limite.La présidence a donc proposé qu'en 2007 et 2008 serait versée à Madrid une partie de ce fonds, qui a apporté à lui seul à l'Espagne une manne de 11,16 milliards d'euros durant la période 2000-2006. Mais cette proposition a rencontré l'opposition de cinq pays contributeurs nets au budget de l'UE : l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède, tandis que la France et la Grande-Bretagne se maintenaient au second plan.Le gouvernement de Madrid espère pourtant élargir au fonds de cohésion l'avantage obtenu pour les autres contributions communautaires : que soit pris en compte l'"effet statistique" dérivé de l'élargissement, pour atténuer l'impact d'une perte brutale de ressources. C'est le cas notamment pour les fonds régionaux, ceux du Feder, pour lesquels un mécanisme de transition a été accepté : alors que onze régions espagnoles en profitent aujourd'hui, ce nombre va passer à trois.L'Espagne fait valoir que, faute de mécanismes compensateurs, ce sera elle qui, en termes de pourcentage de PIB, se verra le plus affectée - davantage que les pays plus riches - par l'impact de l'adhésion : son solde financier avec l'UE passera d'une moyenne annuelle de 6,959 milliards d'euros pour la période 2000-2006 à une moyenne de 714 millions pour 2007-2013. Mais elle s'entend rétorquer qu'elle doit apprendre à contribuer au développement des pays moins bien lotis dans l'Europe des Vingt-Cinq, tout comme les plus riches avaient contribué au sien dans l'Europe des Quinze ! En somme, en Espagne aussi, le débat à propos de l'élargissement est loin d'être achevé.Thierry Maliniak, à Madrid
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.