Etape décisive pour la privatisation de la Poste japonaise

Vote au rasoir au Japon pour la plus importante réforme de l'ère Koizumi. La Chambre basse de la Diète a adopté mardi à une infime majorité (233 voix contre 228) les six lois qui organisent la privatisation des services postaux. Le Premier ministre a jeté tout son poids politique dans la balance, menaçant d'élections anticipées la chambre toute entière, et d'expulsion les fortes têtes qui, au sein de son parti, voteraient contre la réforme. "Il faut maintenant passer devant la Chambre haute. Le chemin n'est pas encore terminé", a-t-il déclaré après le vote.Junichiro Koizumi a appelé la privatisation de la Poste "la réforme du siècle". C'est que cette administration est une des clés du redressement de l'économie tout entière. Japan Post administre "le bas de laine" du pays, soit l'épargne et les polices d'assurance-vie postales pour un montant de 350.000 milliards de yens (2.631 milliards d'euros), ce qui en fait la plus grande banque du monde.Ses ressources sont dirigées vers une ribambelle d'entités publiques et parapubliques (la NHK, l'Agence spatiale...) non rentables, qui forment le noeud d'un système clientéliste que veut abattre le Premier ministre. Ce dernier veut "détourner" cette manne vers des secteurs rentables pour dynamiser l'économie.Machine électorale. La réforme des services postaux eux-mêmes, qui emploient un tiers des fonctionnaires du pays, est presque accessoire à côté de cette mission. Mais elle est tout aussi difficile. Car Japan Post est une formidable machine électorale entièrement dévouée au Parti libéral-démocrate (PLD), parti du Premier ministre. Les 24.700 bureaux de poste de l'archipel sont administrés selon un système quasi héréditaire par des familles à la discipline électorale de fer, qui ont contribué au maintien au pouvoir du PLD de façon pratiquement ininterrompue depuis 1955.Junichiro Koizumi doit donc aller contre son camp pour mener à bien ce chantier. Semaine après semaine, les instances dirigeantes du PLD tentent de grignoter ses projets. Elles ont déjà obtenu du Premier ministre que les fonds d'épargne et d'assurance-vie demeurent gérés en partie sous le contrôle de l'Etat après la réforme, qui sera finalisée en... 2017.Junichiro Koizumi, remarquablement populaire après trois ans au pouvoir, se pose en défenseur de l'intérêt national. "Sans le soutien du peuple, ce résultataurait été plus difficile à atteindre", déclarait-il mardi après le résultat du vote. "Cet homme est un génie politique", tranche l'économiste Stephen Church, d'Analytica.Régis Arnaud, à Tokyo
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