Le Hamas fait du social une arme

Le Hamas suit à la lettre la stratégie de la plupart des mouvements islamistes. D'un côté le "Jihad", c'est-à-dire la lutte armée, de l'autre la mise en place d'un maillage très serré d'organisations sociales et caritatives pour répondre aux besoins les plus urgents des plus nécessiteux. Pour financer ces activités, le Hamas, acronyme en arabe de Mouvement de la résistance islamique, a longtemps mobilisé des fonds auprès d'organisations caritatives disséminées aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne, dans les pays du Golfe, auprès de riches donateurs privés.Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, toutefois, la traque internationale contre le "financement des organisations islamistes" est devenue beaucoup plus efficace. Difficile dans ces conditions d'estimer avec précision le "budget" du Hamas. Les services de renseignements militaires israéliens l'estiment à plusieurs dizaines de millions de dollars par an.Mystère sur les finances. Responsable de la plupart des attentats-suicides anti-israéliens, qui ont fait des centaines de morts, le Hamas maintient bien sûr le mystère sur ses finances à titre de précaution. Ce mouvement figure en effet sur la liste des organisations terroristes établie par les États-Unis et l'UE. Résultat : les transferts légaux de fonds sont devenus impossibles. Les banques arabes, qui procédaient à ces opérations, sont devenues beaucoup plus prudentes, par crainte de sanctions.L'Autorité palestinienne a elle-même cédé aux injonctions américaines en gelant des comptes bancaires d'organisations caritatives liées au Hamas. Mais ces mesures sont très impopulaires. En mai, par exemple, l'Autorité palestinienne a dû débloquer 600.000 dollars de fonds "suspects" à la suite de manifestations de plusieurs milliers de personnes dans la bande de Gaza. Ce gel avait en effet touché des orphelinats, ainsi que des dispensaires assurant des soins à prix réduits, voire gratuits. Le Hamas verse aussi des subsides aux familles des "martyrs", c'est-à-dire des kamikazes, auteurs d'attentats-suicides, et des activistes tués ou blessés. Ces dépenses ont permis d'élargir l'audience du Hamas, de renforcer son image de "mouvement non corrompu".Pour pallier la baisse des dons étrangers, le Hamas s'est récemment tourné vers l'Iran et la Syrie. Khaled Mechal, secrétaire général du bureau politique du Hamas, s'est ainsi rendu ces dernières semaines à Téhéran où il a obtenu un appui public du régime, qui est toutefois plus intéressé par des opérations "militaires" anti-israéliennes que par les activités "sociales" du Hamas.P. L.
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