Élections à hauts risques au Pakistan

Le Pakistan n'est pas un pays qu'on lâche facilement. " Pour l'économiste Delphine Cavalier (BNP Paribas), il paraît difficile d'imaginer une grave désaffection de la part des investisseurs internationaux vis-à-vis du Pakistan à l'occasion des élections législatives qui doivent avoir lieu aujourd'hui. Pourtant, ce scrutin se déroule dans un climat survolté. Il a été précédé d'actes terroristes meurtriers, comme l'attentat de Parachinar samedi et celui de Baloutchistan dimanche, et risque d'être entaché de fraudes. Depuis l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Benazir Bhutto, en décembre, qui apparaissait alors comme la seule alternative démocratique au président Pervez Musharraf, le pays semble toujours guetté par le chaos et l'on ne peut que s'interroger sur la capacité des investisseurs à conserver leur sang-froid.MAILLON ESSENTIEL CONTRELE TERRORISMESigne de l'intérêt stratégique porté au " pays des purs ", l'Inde a accepté vendredi d'établir des vols directs entre sa capitale, New Delhi, et celle du Pakistan, Islamabad, une première entre les deux frères ennemis d'Asie du Sud engagée dans un lent processus de paix sur le Cachemire. Durant la période 2006-2007, les investissements directs étrangers (IDE) ont atteint 5,1 milliards de dollars, un record, souligne Delphine Cavalier. Même si elle n'a pas de grosses inquiétudes, l'économiste prévoit que " l'incertitude quant à la stabilité du pays à moyen terme devrait peser sur le niveau des IDE ". Jusqu'à présent, Islamabad avait de bonnes raisons de compter sur ses bailleurs de fonds. Tout d'abord, le Pakistan est un maillon essentiel de la lutte contre le terrorisme aux yeux des États-Unis qui pourvoient à eux seuls 18 % des IDE. Ensuite, une bonne partie du reste des IDE provient de Chine (14 %) - qui tient par-dessus tout à l'achèvement du port pakistanais de Gwadar qui lui garantira un accès sur l'océan Indien -, des Émirats arabes unis (13 %), d'Arabie Saoudite (2 %) et du reste de l'Asie (4 %), dont les capitaux ne sont pas les plus sensibles au risque, estime Delphine Cavalier. Enfin, l'intérêt des investisseurs pour les privatisations menées par Islamabad ne s'est jusqu'ici pas démenti.Il n'en reste pas moins que la cote de popularité de Musharraf a chuté. Le pire scénario pour lui serait que l'opposition rafle les deux tiers des suffrages, ce qui lui permettrait de remettre en cause l'élection de Musharraf à la présidence en octobre. Or, l'assassinat de Benazir Bhutto ne peut que profiter à son ancien parti, le Parti du peuple pakistanais (PPP), repris par son fils. Et la vague anti-musharraf devrait également bénéficier à l'ancien Premier ministre, Nawaz Sharrif.
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