Les constructeurs automobiles paient cher la réouverture du marché

Dans la perspective d'une année 2009 exécrable, certains constructeurs appliquent déjà le principe de précaution en se constituant des réserves de liquidité via le marché obligataire.BMW, le 13 novembre dernier, a levé plus de 750 millions d'euros sur ce marché. Daimler vient de lui emboîter le pas lundi en levant 1 milliard d'euros (« La Tribune » du 2 décembre). Malheureusement tous les constructeurs ne sont pas logés à la même enseigne. Si les deux constructeurs allemands jouissent encore d'un bon profil financier et de notes de rating leur permettant d'aller chercher des fonds sur ce marché, les conditions d'emprunt sont élevées. BMW a emprunté au taux de 8,875 % tandis que Daimler l'a fait quinze jours plus tard à un taux supérieur à 9 %. « À 600 points de base, c'est un spread de crise. C'est le spread qu'offraient les obligations Fiat en 2003 quand le marché craignait une possible débâcle du constructeur », souligne Alain Lopez, analyste crédit chez Octo Finances, qui précise que le précédent emprunt obligataire de Daimler d'un montant de 1,5 milliard d'euros réalisé le 20 août dernier, de même maturité, avait été réalisé à un taux de 5,87 % (110 points de base).défiance affichéeLe plus surprenant dans ces deux opérations, c'est que les deux émetteurs n'ont pas avancé de raison particulière, laissant à penser qu'il s'agit en fait d'une spéculation sur un éventuel durcissement des conditions d'emprunt sur l'obligataire. En clair, « certains se disent qu'il vaut mieux emprunter à 550 points de base qu'à 800 dans six mois », explique un spécialiste.Reste que tout le monde ne bénéficie pas du profil de BMW ou Daimler. Un recours au marché obligataire pour un Renault ou un PSA serait en ce sens plus délicat. « Si en définitive PSA bénéficie de notes financières à peu près identiques à celle de Daimler, il ne profite pas de la même image auprès des investisseurs », souligne Alain Lopez. En effet, l'allemand est assis sur une trésorerie nette de 6,7 milliards d'euros (fin septembre), là où le français n'en affiche que 422 millions. Dans ces conditions, que dire d'un Renault noté BBB chez S&P et BAA2 chez Moody's et de sa filiale RCI ? Sans parler de la défiance affichée par les investisseurs échaudés par l'échec du plan Ghosn et inquiets que le groupe ne poursuivre pas sa généreuse politique de dividende appliquée ces dernières années. Certains avancent également les inquiétudes liées à la hausse du yen qui pourrait grever un peu plus la dette du constructeur français. Au final, « un Renault ou un PSA ne pourraient prétendre qu'à un taux plancher de 9 % à 10 % sur 5 ans » résume Alain Lopez. Pour les autres « généralistes », c'est une autre histoire. « Le profil financier de Fiat lui interdit aujourd'hui un tel recours », résume un analyste. Volkswagen, qui s'est déjà tourné par trois fois vers ce marché depuis le début de l'année pour y lever près de 2 milliards d'euros, ne devrait pas y retourner de sitôt, selon les experts. ++BSD ++SupprimerBalise NePas supprimer n Gaël Vaut
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