Scor revendique son modèle anticrise

Comme à son habitude Denis Kessler, le président-directeur général du réassureur Scor, ne mâche pas ses mots lorsqu'il commente la situation financière. Concernant l'aide publique à l'assureur américain AIG, il rappelle avoir été le premier à dénoncer la distorsion de concurrence. « Il fallait certes aider AIG en reprenant son portefeuille de CDS (« credit default swaps ») et éviter une crise systémique, mais il aurait fallu aussi placer cette entreprise d'assurances en « run off » c'est-à-dire stopper les nouvelles souscriptions d'assurance et laisser les contrats en cours s'éteindre », affirmait-il hier lors d'un entretien avec La « Tribune » et le « Handelsblatt ». Il souligne d'ailleurs la fierté du groupe Scor d'avoir pu « se redresser sans recevoir d'aide de l'État » au début des années 2000. Le réassureur est aujourd'hui « en bonne position pour saisir des opportunités » en termes de conquête de clients ou de rachat de portefeuilles. « Nous avons du cash, une situation d'actif net stable, une bonne solvabilité et la réorganisation du groupe est achevée », précise-t-il. bilan immuniséScor a en effet intégré sa dernière acquisition, Converium, « en un an sans perdre de chiffre d'affaires tout en réduisant significativement les coûts », se félicite le PDG. Il présente le modèle de développement du réassureur comme un « modèle pour résister à la crise », estimant avoir « largement immunisé (son) bilan à l'actif et au passif contre la crise économique et financière il y a trois ans ». Et de recenser : « nous n'avons pas d'engagements hors bilan qui ont coûté si cher à d'autres. Nous n'avons aucune implication avec les assureurs monoline. En vie, nous n'avons pas donné de garantie de taux d'intérêt au cours des neuf dernières années ». Autant d'éléments qui ont contribué à porter la capitalisation boursière de Scor à 2,8 milliards d'euros, un niveau proche des plus grands acteurs, comme Swiss Re. « Personne ne l'eût cru il y a encore quelques semaines ! » s'exclame-t-il. Et pour 2009, Denis Kessler affiche son optimisme car « la réassurance est une activité contracyclique. Quand l'économie ralentit, la demande de réassurance augmente ». Cette tendance devrait s'accentuer en 2009 et 2010, d'autant plus que les solutions alternatives à la réassurance proposées auparavant par les banques d'affaires ont disparu. Mais cet ancien professeur d'économie prévoit aussi que « le prochain volet de la crise concernera les obligations d'État, car il y aura un retour de l'inflation ». Scor a donc « écarté les obligations publiques des petits États » plus fragiles et accumulé 650 millions d'euros en obligations indexées sur l'inflation.
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