Délivre-nous des autres

Yannick Haenel (prix Décembre 2007 et prix Roger Nimier 2008 avec « Cercle ») et François Meyronnis lisent et questionnent les textes. Partant de là, ils s'interrogent mutuellement dans cet ouvrage sur la question du néant, de l'érotisme ou encore des bourreaux. Il est pour eux nécessaire de se tourner vers d'autres traditions, comme par exemple la kabbale juive, qui intègre le « néant », quand la métaphysique repose sur son refus. Cette discussion de deux cents pages entraîne le lecteur à réfléchir, à penser plus loin, au travers d'idées, parfois émises de façon péremptoire. On y lit que l'étonnement est source de toute pensée (Heidegger, à travers le néant, veut trouver le « salut »), qu'il ne faut pas se contenter d'éprouver l'amour, il faut l'anoblir, ou que le ravage est nécessaire à la plénitude, l'expérience de la détresse est celle de la jouissance.Le style également, souvent boursouflé, peut rebuter ? « C'est ce qui nous sépare des lamentos que d'aucuns expectorent » ; « un quadrillage réticulaire maçonne l'enfermement ». Autant de pensées dites avec conviction et fermeté. La littérature à sa placeLes duettistes font intervenir de nombreux écrivains ou philosophes, pour plus de clarté. Ainsi, outre Heidegger et Nietzsche, de multiples références à Deleuze, Bataille, Rimbaud ou Guy Debord (capital chez Haenel et Meyronnis) s'imposent, qui, pour les non-spécialistes, obscurcissent cependant parfois l'ouvrage. « Prélude à la délivrance » est important car il redonne à la littérature la place qui est la sienne : rares sont les livres à accorder à cet art une telle valeur, un tel prix. Pierre Castel« Prélude à la délivrance », chez Gallimard, 226 pages, 18,50 euros.
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