La compétition entre Google et Microsoft tourne à la bataille frontale

cite>Google s'est enfin dévoilé. Le premier moteur de recherche mondial a annoncé, mardi soir, le lancement pour le deuxième semestre 2010 de son propre système d'exploitation, ce logiciel de base qui permet de faire fonctionner un ordinateur. D'abord réservé aux « netbooks », ces mini-ordinateurs, Chrome OS (lire ci-dessous) pourra ensuite être étendu aux PC.C'est le c?ur de Microsoft que Google attaque en direct. Avec son système d'exploitation Windows, le géant du logiciel possède 97 % des parts de marché du PC. Windows, c'est la poule aux ?ufs d'or de Microsoft. En 2008, le système d'exploitation a généré 16,8 milliards de dollars de recettes pour un résultat de 13 milliards, soit une marge d'exploitation inouïe de 77 %. Aujourd'hui, Windows représente plus de la moitié du bénéfice d'exploitation du groupe.En se lançant d'abord sur les netbooks, le seul segment du PC encore en croissance, Google s'attaque à un point faible de Microsoft. C'est Linux, cette solution de logiciel libre, qui a fait les honneurs des premiers netbooks, Windows Vista étant à la fois trop lourd et trop onéreux.Depuis longtemps, le moteur menait une véritable stratégie d'encerclement de Microsoft. Le péché originel, c'est bien entendu le moteur de recherche. Google détient entre 60 % et 90 % de la recherche selon les pays, tandis que Microsoft est quasi inexistant, malgré les centaines de millions de dollars dépensés année après année. Le moteur de recherche permet à Google, qui commercialise des liens sponsorisés (la publicité vendue sous forme de liens en fonction des mots recherchés par l'internaute), de capter une énorme part du gâteau de la publicité en ligne mais pas seulement. Porte d'entrée du Web, c'est aussi pour Google une formidable plate-forme de distribution pour d'autres produits.applications gratuitesPetit à petit, le moteur a développé une palette de logiciels en concurrence directe avec les solutions de Microsoft, à commencer par la messagerie Gmail, la barre d'outils Desk-top, qui permet de chercher des documents indifféremment sur son ordinateur ou sur le Web à partir du PC, ou de la suite bureautique (agenda, traitement de texte?). Lancé l'an passé, Chrome vise directement le navigateur Internet Explorer, et Android est un assaut contre Windows Mobile. Particularité de la stratégie déployée par Google, les applications sont gratuites pour le grand public, et sont intégralement financées par la publicité. Un bouleversement pour Microsoft, dont le métier est de vendre ? très cher ? du logiciel via un circuit de distribution physique.En 2007, Steve Ballmer, le successeur de Bill Gates à la tête du géant de Redmond, admet que la publicité est une nouvelle source de revenu pour les éditeurs de logiciels, et que à horizon cinq ans, Microsoft doit en tirer 15 % à 25 % de ses recettes. Les initiatives de Google influent sur le géant du logiciel. Ce dernier lance sa suite bureautique en ligne pour les entreprises peu de temps après celle de Google. Plus récemment, après avoir échoué dans sa tentative de rachat de Yahoo, il a dépensé sans compter pour lancer son nouveau moteur de recherche, Bing. Microsoft avait déjà racheté il y a deux ans aQuantive, une grosse régie publicitaire, pour 6 milliards de dollars. Ces tentatives de se développer sur le terrain de Google ont été vaines jusqu'ici, mais ce n'était pas si grave, car Microsoft reste ultradominant dans les logiciels.C'est pourquoi l'issue du défi lancé aujourd'hui par Google contre Windows sera déterminante. Pour Microsoft, l'enjeu va être de préserver ses marges sur les systèmes d'exploitation alors qu'il lance Windows 7, successeur de Vista, en octobre. Or, les prix sacrifiés des systèmes d'exploitation sur les netbooks créent un dangereux précédent. Microsoft tente déjà, selon les blogs spécialisés américains, de restreindre les modèles de netbooks qui pourraient accueillir une version légère et moins onéreuse de Windows 7, limitant par exemple la taille de l'écran à 10 pouces et la mémoire à 1 giga. Mais les mini-PC, à l'origine avec un nombre limité de fonctions (mail, surf sur Internet), se rapprochent de plus en plus des ordinateurs portables classiques. Qui paiera un logiciel proposé gratuitement par ailleurs ? Dans cette bataille frontale, Microsoft conserve un double avantage : il est dans la place, et Windows 7 sort un an avant Chrome OS.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.