Malgré les sanctions internationales à son encontre, l'Iran arrive à vendre son pétrole en Asie du Sud-Est. Les cargaisons contenant l'or noir ont été envoyées aux acheteurs de la région par voie maritime près de Singapour et de la Malaisie, selon un haut responsable du Trésor américain témoignant sous couvert d'anonymat.
« La capacité de l'Iran à transporter son pétrole s'est appuyée sur ce type de fournisseurs basés en Malaisie. Nous voulons avoir une discussion directe avec les Malaisiens à ce sujet », a-t-il ajouté.
Le fonctionnaire a par ailleurs assuré que le Trésor américain travaillera avec les opérateurs maritimes et les responsables bancaires de Singapour et de Malaisie pour mettre un coup d'arrêt à ces ventes.
Pour rappel, les sanctions contre l'Iran ont pour but de réduire une manne financière dont le pays se sert pour, selon les États-Unis, créer de l'instabilité au Moyen-Orient. Le haut fonctionnaire américain a en effet déclaré que les ventes iraniennes de pétrole en Asie du Sud-Est ont financé des groupes armés proche de Téhéran. « L'arrêt de ces expéditions de pétrole portera un coup décisif à la capacité de l'Iran à financer ces attaques dans le monde entier », a-t-il affirmé.
Parmi ces groupes, le fonctionnaire américain a cité les Houthis, ces rebelles du Yémen qui, depuis novembre, ont lancé des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique. Alliés de l'Iran, ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens dans le contexte de la guerre déclenchée en octobre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Les ventes iraniennes serviraient d'ailleurs aussi à financer le Hamas, toujours d'après le fonctionnaire américain.
Les États-Unis sur le pont
Les États-Unis assurent qu'ils s'efforcent de réduire la capacité de l'Iran à exporter du pétrole. Mais la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a reconnu le mois dernier qu'il était possible de « faire davantage ».
« Nos actions rendent à chaque instant plus difficile et plus coûteuse pour l'Iran la poursuite de son comportement déstabilisateur », a-t-elle toutefois affirmé.
Pour cela, les États-Unis ne visent pas seulement l'Iran mais aussi les pays et/ou entreprises qui lui viennent en aide. Ils cherchent ainsi à découvrir ces réseaux de détournement et imposent des amendes aux structures qu'ils débusquent. Mi-avril, une société basée en Thaïlande a ainsi accepté de payer 20 millions de dollars pour ne pas avoir respecté ces sanctions. Le président américain Joe Biden a ainsi averti « ceux qui permettent ou soutiennent les attaques de l'Iran » : « Nous n'hésiterons pas à prendre toutes les mesures nécessaires pour vous faire rendre des comptes », a-t-il prévenu le mois dernier.
Près de 45 ans de sanctions
Les sanctions internationales contre l'Iran ne ciblent pas seulement son pétrole. Les premières sont tombées il y a près de 45 ans. Les États-Unis avaient décrété un embargo sur les biens de consommation iraniens et gelé 12 milliards de dollars d'avoirs iraniens après la spectaculaire prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran, qui s'est étalé du 4 novembre 1979 au 20 janvier 1981. D'autres ont par la suite été prises au fil des décennies, principalement par les États-Unis mais pas seulement - l'Union européenne en a aussi décrétées.
Dernier exemple en date fin avril. Les États-Unis ont encore renforcé leurs sanctions contre l'Iran, ciblant de nouveau l'industrie des drones militaires, en parallèle à des sanctions similaires prises par le Canada et le Royaume-Uni. Des mesures prises après l'attaque de Téhéran contre Israël le 13 avril, avec 350 drones et missiles, en riposte à une attaque qui a détruit son consulat à Damas, en Syrie, que l'Iran attribue à l'État hébreux.
Ces sanctions frappent en tout cas durement l'économie iranienne, qui subit une inflation galopante et voit plonger sa monnaie, le rial. L'approvisionnement en médicaments ou en matériel médical est en outre particulièrement affecté.
(Avec AFP)
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