Armes chimiques en Ukraine : « les informations sont insuffisamment étayées », selon l'OIAC

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a jugé ce mardi « insuffisamment étayées » les informations qu'elle a reçues sur l'usage présumé d'armes chimiques en Ukraine. Elle s'affiche toutefois préoccupée sur une « possible résurgence » de leur utilisation.
La semaine dernière, le département d'État américain a accusé la Russie d'avoir utilisé une « arme chimique », la chloropicrine, contre les troupes ukrainiennes (photo d'illustration).
La semaine dernière, le département d'État américain a accusé la Russie d'avoir utilisé une « arme chimique », la chloropicrine, contre les troupes ukrainiennes (photo d'illustration). (Crédits : ALEXANDER ERMOCHENKO)

La Russie a-t-elle utilisé des armes chimiques en Ukraine ? D'après l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), les deux pays se sont « mutuellement accusés » en ce sens et lui ont signalé des « allégations d'utilisation d'armes chimiques ».

Mais « les informations fournies jusqu'à présent à l'Organisation par les deux parties, ainsi que celles dont dispose le Secrétariat, sont insuffisamment étayées », a indiqué la porte-parole de cet organisme, Elisabeth Waechter, ce mardi 7 mai.

Elle a toutefois averti que « la situation reste volatile et extrêmement préoccupante quant à la possible résurgence de l'utilisation de produits chimiques toxiques comme armes ».

Pour rappel, selon la Convention sur les armes chimiques (CIAC), en vigueur depuis 1997, « tout produit chimique toxique utilisé pour ses propriétés toxiques dans le but de causer des dommages ou la mort est considéré comme une arme chimique ». Ce traité multilatéral, ratifié notamment par la Russie, interdit toute une catégorie d'armes de destruction massive et prévoit la vérification internationale de leur destruction.

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Accusation américaine

Cette prise de parole intervient une semaine après que le département d'État américain a justement accusé la Russie d'avoir utilisé une « arme chimique », la chloropicrine, contre les troupes ukrainiennes. Selon une agence américaine - le CDC pour Centres pour le contrôle et la prévention des maladies -, il s'agit d'un agent chimique qui endommage le système respiratoire et peut causer de sévères irritations de la peau et des yeux. Cette substance avait été massivement employée lors de la Première guerre mondiale comme gaz suffocant. Le département d'État américain affirme également que la Russie a utilisé « des agents anti-émeutes (gaz lacrymogènes) ».

« L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille », a estimé le département d'État.

Des accusations qualifiées d' « infondées » par le Kremlin, assurant respecter « ses obligations relatives au droit international dans ce domaine ». La Russie affirme en outre ne plus posséder d'arsenal chimique militaire. Pour autant, le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Reste que les États-Unis ne semblent pas avoir demandé à l'OIAC d'enquêter sur ces faits. L'Organisation doit en effet être formellement saisie pour le faire. « Jusqu'à présent, le Secrétariat n'a reçu aucune demande d'action de ce type », a confirmé Elisabeth Waechter. Et d'ajouter : « Nous continuerons de surveiller la situation et de rester prêts à nous déployer ».

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La Russie a par ailleurs déjà porté des accusations de ce genre contre l'Ukraine. Fin février dernier, elle a affirmé avoir déjoué une attaque au gaz toxique préparée selon elle par des services spéciaux ukrainiens. Une enquête pour attentat et fabrication des armes de destruction massive avait été ouverte et trois ressortissants ukrainiens avaient été arrêtés, selon les services russes de sécurité (FSB).

Plus de stocks officiels, mais des armes toujours là

Selon l'OIAC, il n'y a actuellement plus de stocks déclarés de réserves d'armes toxiques depuis juillet 2023. Les États-Unis ont en effet annoncé à cette date avoir éliminé leurs dernières, achevant ainsi un processus engagé à la suite de la ratification de la Convention sur les armes chimiques pour justement en débarrasser le monde. « Cela ne veut pas dire que les armes chimiques n'existent plus », a rappelé l'organisation, qui a remporté le prix Nobel de la paix en 2013 pour ses efforts menés en ce sens. L'utilisation récente d'armes chimiques signifie que le monde doit rester sur ses gardes, a-t-elle averti.

Ces dernières années, l'organisation a accusé la Syrie d'avoir mené des attaques chimiques au cours de sa guerre civile et a enquêté sur l'utilisation d'agents neurotoxiques datant de l'ère soviétique contre un ancien espion russe en Grande-Bretagne et contre l'opposant russe Alexeï Navalny en Russie. « Les récentes utilisations et menaces d'utilisation de produits chimiques toxiques en tant qu'armes montrent que la prévention de leur réapparition restera une priorité pour l'organisation », a prévenu l'été dernier son directeur général, Arias Fernando.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 07/05/2024 à 23:28
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Les USA nous avaient déjà vendu les "armes de destruction massive" de Saddam Hussein et leur non-implication dans la destruction des Nord Stream (liste non-exhaustive!). Je suis toujours étonné de la courte mémoire dont font preuve ceux qui rédigent ...

à écrit le 07/05/2024 à 17:45
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Fake ou pas, le mal est fait..; dont le médiatique est responsable !

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