Les anticipations de bénéfices 2009 devront être révisées

Les annonces de résultats des entreprises pour le troisième trimestre risquent d'être très décevantes. Si les analystes ont déjà révisé fortement à la baisse leurs anticipations en 2008 des deux côtés de l'Atlantique, les révisions sont encore faibles pour 2009. Aujourd'hui, ils attendent pour 2008 une décroissance des bénéfices de 0,7 % par rapport à 2007. Comme souvent dans les périodes de retournement économique, les analystes ont été pris à contre-pied, puisqu'ils prévoyaient en début d'année une croissance des bénéfices pour l'indice large européen de 10,5 %. Leurs révisions atteignent donc - 11,2 % depuis le début de l'année. Malheureusement, nous sommes encore loin des niveaux de révision de bénéfices à l'oeuvre lors d'un retournement de cycle économique classique : depuis les années 1970, les analystes se trompent en moyenne de 7 % entre leurs premières anticipations de bénéfices et les résultats publiés. Mais en période de crise ou de reprise économique, la marge d'erreur s'envole, les révisions dépassant souvent les 30 %. Aussi, il est probable que les révisions s'accélèrent dans les prochains mois, pour atteindre au final une décroissance comprise entre - 5 % et - 10 % pour l'indice large européen dès cette année. Dans le détail, les trois secteurs les plus concernés sont les secteurs financiers et ceux sensibles aux prix des matières premières de manière défavorable : depuis le début de l'année, les profits des services financiers et des banques ont respectivement été revus à la baisse de 64,5 % et de 34,6 %, et ceux du transport de 24,6 %. Seuls les trois secteurs cycliques sensibles favorablement aux prix des matières premières ont vu leurs bénéfices révisés à la hausse : les analystes ont révisé de + 13,7 % les profits de la chimie, de + 27,6 % ceux de l'énergie et de + 41,5 % ceux des produits de base ! C'est d'ailleurs là que réside l'essentiel des risques en termes de bénéfices futurs. Avec la généralisation de la crise économique aux pays de l'OCDE et l'importante dégradation de la confiance (des ménages et des entreprises), il est quasiment assuré que la croissance mondiale passera dès 2009 sous la barrière des + 3,3 %. Or, en deçà de ce niveau, les prix des matières premières ont toujours reflué massivement par le passé. En conséquence, on peut considérer les secteurs cycliques sensibles aux prix des matières premières comme l'arbre qui aura caché la forêt cette année. Mais, dès l'année prochaine, les analystes seront dans l'obligation de revoir très fortement à la baisse leurs anticipations pour ces secteurs, et plus généralement pour l'ensemble de la cote (les analystes attendent aujourd'hui une croissance des profits de 13,4 % en 2009 pour le DJ Stoxx 600).
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.