Rien ne va plus pour Tiscali

Jadis pionnier, le fournisseur d'accès à Internet italien Tiscali est au bord du gouffre. Criblée de dettes, la société fondée par Renato Soru vient de perdre une de ses minces chances de survie : le rachat de son activité en Grande-Bretagne. Le conseil d'administration de Tiscali a dû annoncer ce week-end que les négociations avec le groupe de télévision BSkyB, contrôlé par Rupert Murdoch, ne pouvaient déboucher « en raison de la détérioration du contexte de marché dans lequel opère » BSkyB.Hier matin, à l'ouverture de la Bourse de Milan, la réaction a été pour le moins rude : le titre Tiscali perdait 44 % avant de voir ses cotations suspendues. Le titre a finalement clôturé à 0,15 euro, en chute de 47,5 %. La Bourse a surtout réagi à une autre annonce du groupe qui a mis le feu aux poudres : Tiscali « a l'intention de demander à ses principaux établissements créanciers de lui octroyer une période de suspension » de ses remboursements et de renégocier sa dette. Or, les prochains paiements des intérêts, pour un total de 11 millions d'euros, arrivent à échéance demain mercredi et vendredi prochain?« De l'ordre de 500 millions d'euros à fin décembre 2008 », selon Tiscali, cet endettement est principalement contracté auprès des banques JP Morgan et Intesa Sanpaolo. Après l'échec des négociations pour la cession de ses activités britanniques, qui représentent les deux tiers de son chiffre d'affaires, une issue positive pour Tiscali paraît très difficile. Le fournisseur d'accès à Internet n'a en effet pas dégagé le moindre bénéfice depuis des années. Son fondateur, Renato Soru, passé à la politique au niveau régional, renfloue régulièrement à coup d'augmentation de capital les comptes de la société, dont il est encore le principal actionnaire à hauteur de 25 %.impossible d'investirEn Italie, la part de marché de Tiscali dans l'Internet haut débit reste marginale (5,2 %), deux fois moins que Fastweb ou Wind et bien moins que l'ancien monopole Telecom Italia (61 % du haut débit dans la péninsule). Et pour faire face à « la concurrence accrue » dans l'Internet haut débit, Tiscali n'a plus les moyens d'investir. Le groupe a dû renoncer à son service télévision via Internet, en pertes. Depuis des mois, l'opérateur annonce un nouveau plan industriel mais celui-ci n'arrive jamais. Il est en effet difficile de développer une stratégie quand Tiscali s'apprêtait à céder l'essentiel de son milliard d'euros de chiffre d?affaires : son activité en Grande-Bretagne.Frank Paul Weber, à Rome
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