Washington réticent à sauver les « Big Three »

Les « Big Three » exsangues attendent désespérément leurs milliards. Mais les pouvoirs publics américains se font tirer l'oreille. Hier encore, la Maison-Blanche et le Congrès n'étaient pas parvenus à un accord sur l'octroi d'une aide d'urgence au secteur automobile américain sinistré. « Nous avons progressé. [?] Nous voulons aller vite, mais le plus important, c'est de faire les choses comme il faut », a affirmé hier un responsable de l'administration. « Les contribuables n'aideront les constructeurs que s'ils mettent en ?uvre un plan crédible de viabilité à long terme », soulignait pour sa part Dana Perino, la porte-parole de la Maison-Blanche. « Nous ne voulons pas investir à fonds perdus », a d'ailleurs insisté le président George Bush.Le Congrès avait envoyé lundi à la Maison-Blanche un projet de plan prévoyant le déblocage immédiat de 15 milliards de dollars sous formes de prêts. Pour aider GM et Chrysler à faire face aux échéances à « court terme ».solides contrepartiesCe texte de « loi sur le financement et la restructuration de l'industrie automobile », d'une trentaine de pages, prévoit toutefois de solides contreparties. En particulier la nomination d'un ou plusieurs administrateurs, qui auraient accès à la comptabilité des constructeurs, lesquels devraient les informer de toute transaction supérieure à 25 millions de dollars. Ce point serait contesté par la Maison-Blanche, selon le « Washington Post ».Les cadres dirigeants des constructeurs seraient aussi soumis à des limitations en matière de rémunération, avec une interdiction des parachutes dorés. Le versement de dividendes serait suspendu. D'après le projet, les pouvoirs publics pourront en outre détenir une participation, sans droit de vote, au capital des constructeurs.Le projet obligerait par ailleurs les « Big Three » à déposer, avant la fin du premier trimestre 2009, un programme détaillé de restructuration censé les adapter aux exigences du marché et garantir leur pérennité. Ils devront prouver qu'ils peuvent produire « des véhicules qui se vendent », a indiqué Barney Frank, le président de la commission des services financiers de la Chambre des représentants. « Il s'agit d'un prêt et nous avons tout fait pour qu'il soit rembours頻, a-t-il renchéri. Au final, le plan a pour ambition de « préserver les emplois de 355.000 travailleurs directement salariés par l'industrie automobile et les 4,5 millions d'emplois indirects ». Il doit déboucher sur « une industrie automobile nationale viable et compétitive, qui limite son impact sur l'environnement ». Malgré les divergences actuelles entre le pouvoir législatif et l'exécutif, il pourrait faire l'objet d'un vote au Congrès cette semaine. Les fonds seraient, dans ce cas, débloqués la semaine suivante.GM et Chrysler sont au bord de la cessation de paiements. Leurs liquidités ne leur permettent pas de tenir au-delà du début de l'année prochaine. La chute du marché américain a certes précipité les échéances. Mais les deux constructeurs, tout comme Ford, sont victimes d'une structurelle désaffection du public américain pour leurs modèles. n
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