Blocage sur les retraites complémentaires

Une négociation à première vue technique, mais qui risque de modifier profondément les retraites des Français, oppose actuellement le Medef aux syndicats. Elle porte sur les retraites complémentaires Agirc (cadres) et Arrco (non cadres), qui représentent en moyenne 66 % de la pension d'un cadre et 33 % d'un non-cadre. Les partenaires sociaux sont d'autant plus pressés de conclure que les régimes sont au bord du gouffre : l'Agirc serait dans le rouge dès cette année (? 720 millions d'euros), et l'Arrco basculerait en 2010 (? 620 millions). Pourtant, après plusieurs semaines de discussions, et alors que le patronat proposera demain un premier projet d'accord, le consensus reste introuvable. Le blocage a déjà été constaté par les syndicats. « Le Medef veut faire passer l'âge minimal de la retraite de 60 ans à 63 ans, et amorcer cette évolution en passant à 60 ans et un trimestre dès 2010, explique Jean-Louis Deroussen, à la CFTC. Il veut simultanément reculer l'âge butoir de 65 ans », qui permet de partir à la retraite à taux plein. Dans le texte présenté demain aux syndicats, le patronat pourrait toutefois proposer une évolution plus progressive, comme porter l'âge minimal à 61 ans. Cela provoquerait un décalage entre l'âge de la retraite pour le régime de base (Sécu) et le régime complémentaire, mais ne suffirait toutefois pas à régler le problème. Sur la période 2007-2015, le besoin de financement des régimes atteint en effet 13 milliards d'euros, et 155,5 milliards d'euros sur 2007-2030. En regard, reculer l'âge de la retraite à 61 ans n'entraînerait, dans la meilleure des hypothèses, qu'un gain cumulé de 5 milliards d'euros en 2015, et de 21,5 milliards en 2030. Fronde syndicaleLe Medef serait prêt à une hausse modérée des cotisations si les syndicats acceptaient de modifier l'âge de la retraite. C'est là que le bât blesse. Hormis la CGC, qui fait du niveau des pensions sa priorité, tous les syndicats s'opposent à la retraite complémentaire à 61 ans, et a fortiori à 63 ans. « Ce n'est pas aux régimes complémentaires de définir en catimini l'âge légal de la retraite, qui ne peut être examiné que dans le cadre d'une négociation avec le gouvernement », souligne Jean-Louis Malys, de la CFDT. Les syndicats militent en revanche pour une hausse des cotisations, sachant qu'un point de hausse en 2010 rapporterait 36 milliards à l'horizon 2015, et 125 milliards en 2030. Dans ces conditions, que peut donner la rencontre de demain?? « Il serait plus sage de signer un accord de transition, estime Bernard Devy. Mais si le Medef bloque la reconduction de l'AGFF, qui finance la retraite complémentaire entre 60 ans et 65 ans, nous devrons nous retourner vers le gouvernement, et ce sera un coup de canif au paritarisme. »
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