La BCE a rouvert le marché des obligations sécurisées

Quel est le point commun entre Santander, BNP Paribas et Crédit Foncier de France ? Les trois ont émis, au cours des deux dernières semaines, des « covered bonds », obligations sécurisées le plus souvent par des créances hypothécaires ou de collectivités, pour couvrir leur besoin en financement. « Beaucoup d'autres devraient suivre », s'enthousiasme un banquier, qui cite notamment la Caixa comme prochain candidat. rôle catalyseurDepuis le début de l'année, la somme des fonds levés sur ce compartiment dépasse 15 milliards d'euros. C'est certes près de 70 % de moins que les chiffres enregistrés l'an passé à la même époque. Mais les spécialistes constatent un mouvement de reprise. « L'activité a rebondi au premier trimestre par rapport aux trois derniers mois de l'année 2008, et a principalement concerné des opérations d'abondements (« taps ») de souches de dettes existantes », note Pierre Mirat, coresponsable monde du marché de la dette à la Société Généralecute; Générale. Et d'ajouter : « Les assureurs et les fonds de pension ont eu besoin d'augmenter la duration de leurs actifs pour faire face à leurs engagements à long terme. Ils se sont donc lancés à la recherche de papiers avec des échéances longues ». Les mesures récemment annoncées par la BCE pour faciliter l'accès aux liquidités ont incontestablement joué un rôle de catalyseur. Le 7 mai son président, Jean-Claude Trichet, a fait part de son intention de racheter des « covered bonds » pour un montant de 60 milliards d'euros en Europe. « On est en train d'assister à un changement radical. Les émissions réalisées en une semaine représentent environ le tiers des volumes totaux constatés depuis début janvier », glisse Frédéric Louvard, responsable de l'origination du secteur financier chez Natixis. « Depuis les déclarations de la BCE, les niveaux de spread pour les covered bonds ont diminué de 10 à 15 points de base en France et en Allemagne. En Espagne, le recul a atteint entre 25 et 30 points de base », relève Pierre Mirat. Certaines opérations rencontrent un vif succès. À titre d'exemple, le montant du carnet d'ordres de Santander est monté jusqu'à 3,2 milliards d'euros pour une émission initiale de 1,5 milliard d'euros. De son côté, le Crédit Foncier de France est parvenu à lever 1,25 milliard d'euros à 4,875 % sur une période de douze ans. D'après Pierre Mirat, on n'avait pas vu des maturités aussi longues depuis deux ans. « Les carnets d'ordres se composent principalement d'investisseurs finaux qui ne sont pas là pour spéculer », précise Frédéric Louvard. Plus généralement, l'expert s'attend à « un cercle vertueux durable sur l'activité des émissions ». Et cela alors que les « covered bonds » vont, selon lui, «redevenir le moyen de financement privilégié des banques ». Reste maintenant à savoir quels seront les critères (pays, maturité, etc.) retenus par la BCE dans le cadre de son projet de rachat.
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