Brasilia injecte du crédit dans un marché essoufflé

Les Brésiliens attendaient les premiers coups de canif de la crise financière dans leur économie. Le recul des ventes de voitures neuves (11 % en octobre), tout comme l'essoufflement des ventes dans la grande distribution et le ralentissement de la construction civile viennent de leur apporter la preuve que leur pays ne sortirait pas indemne du coup de froid planétaire. Pourtant, l'automobile avait connu depuis 2005 un bel essor. Ainsi, pour cette année, les experts tablaient sur une prévision de 3,3 millions de véhicules supplémentaires se font à crédit, Brasilia avait quelques raisons de s'inquiéter. Le gouvernement de Luiz Inacio Lula da Silva a réagi très vite en octroyant, via le Banco do Brasil qu'il contrôle, 1,5 milliard d'euros aux banques contrôlées par les constructeurs automobiles. L'État de São Paulo, par le biais de Nossa Caixa, un établissement financier sous sa coupe, a pris la même mesure, mardi. « Le gros souci de l'exécutif est de maintenir l'offre de crédit à un niveau élevé, soit près de 35 % du PIB », explique Adalberto Savioli, président de l'Acrefi, association défendant les intérêts des institutions financières spécialisées dans le crédit.Les autorités bénéficient d'une belle marge de man?uvre grâce au « compulsorio », une politique selon laquelle les institutions bancaires sont tenues de confier à la banque centrale une partie de leurs dépôts. Cette dernière contrôle un pactole de 125 milliards d'euros dans lequel les autorités peuvent puiser pour irriguer le marché. Même si tout semble indiquer que le Brésil devrait croître au maximum de 3 % en 2009, contre 5 % cette année, il s'agit de préserver l'optimisme et la frénésie de consommation de la classe moyenne. Celle-ci représente au moins 90 millions de personnes, soit plus d'un Brésilien sur deux. Depuis septembre, ce sont près de 20 milliards d'euros que la banque centrale a injectés sur le marché en faveur du crédit.D'autres nouvelles peu réjouissantes proviennent du milieu rural, où des agriculteurs sont asphyxiés par la flambée des coûts de production et la baisse des cours des produits. Même le secteur des biocarburants est aux abois. Le consultant Alcides de Moura Torres Junior rappelle que « l'agrobusiness représente 30 % à 35 % du PIB, contribuant à 60 % du solde de la balance commerciale ». Le gouvernement essaie de calmer la situation en accordant un surcroît de crédit aux producteurs.inquiétude croissantePourtant, en dépit des mesures prises par Brasilia, l'impact de la crise suscite une inquiétude croissante chez les patrons. Ils craignent que le gouvernement fédéral soit amené à ralentir le rythme des chantiers du PAC, le plan d'accélération de la croissance, qui a encore concentré près de 3 milliards d'euros d'investissements en 2008. « L'initiative privée participe à hauteur de 30 % à ces chantiers destinés à moderniser nos infrastructures », évoque Saturnino Sérgio da Silva, l'un des directeurs de la Fédération des industries de São Paulo. « Dans le ferroviaire et le portuaire, certains projets pourraient prendre du retard avec le ralentissement des investissements directs. » Le député William Woo, sous l'étiquette du PSDB, principal parti d'opposition, déplore « le temps perdu ». Le Brésil n'a pas profité de la croissance soutenue des quatre dernières années pour investir massivement dans les infrastructures qui restent son talon d'Achille. 
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