« Apprenons à nos enfants accros au virtuel à être dans la vraie vie »

Il n'aura pas échappé à l'ancien président de VU, qui fut l'un des tout premiers à annoncer le monde de la convergence, que cette crise, amplifiée par la circulation immédiate de l'information par Internet, avait une forte dimension culturelle. Dans son livre, il souligne en particulier l'importance prise par la finance virtuelle, où officie cette génération de traders trentenaires accros aux jeux vidéo. Ayant grandi avec Pong, Pacman, Space Invaders, ils ont appris à prendre des risques sans les mesurer, et s'en sont donné à c?ur joie dans leur métier. Pour Jean-Marie Messier, « c'est bien un reflet assez fidèle du monde des jeux vidéo. Dans cet espace virtuel, précise-t-il, les effets de la prise de risque et de l'échec sont très éloignés de ce qu'ils sont dans la réalité. Et en créant une moindre sensibilité au risque, cette culture particulière amplifiée par l'immédiateté de l'information n'a pas manqué de générer un comportement collectif dangereux pour la collectivité. »Cette analyse le conduit aujourd'hui à nous mettre en garde contre les excès de la convergence. Si elle s'est révélée, à l'évidence, formidablement pratique, si elle fournit aux innombrables communautés un moyen d'expression et de mobilisation sans égal, en favorisant aussi le développement sans fin du virtuel aux dépens du réel, elle constitue un dangereux mirage. Aussi l'ancien promoteur de la convergence s'est-il mué en vigie attentive de ses effets pervers : « Dominons la convergence, dit-il, pour ne pas en devenir esclave. Apprenons à nous en servir pour que nos enfants en prennent tout le bénéfice de connaissance, de recherche, d'expression, mais ne se réfugient pas dans le confort de jeux de rôles ou de sites qui leur offrent des succès et des échecs tellement plus faciles à assumer que dans la vraie vie. » En clair, apprenons à nos enfants à être dans la vie, celle où l'on ne se remet pas des échecs simplement en relançant le jeu. V. S. La convergence a ses vertus, mais aussi ses effets pervers.
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