L'Allemagne perd sa troisième place sur le podium mondial

Sale journée hier pour l'économie allemande. Alors qu'à Pékin les dirigeants chinois pouvaient se vanter, avec une croissance de 13 % « plus forte que prévu » l'an dernier, d'être devenu la troisième économie du monde aux dépens de la République fédérale, la présentation de la croissance 2008 outre-Rhin s'est révélée très inquiétante. Certes, le PIB allemand a progressé l'an passé de 1,3 %, à un peu moins de 2.500 milliards d'euros, selon l'office fédéral des statistiques Destatis, mais c'est bien moins que les 2,5 % de 2007. Surtout, cette croissance ne repose que sur un seul trimestre de hausse, le premier. Car, après deux reculs consécutifs de 0,4 et 0,5 %, la richesse allemande se serait effondrée de 1,5 à 2 % sur les trois derniers mois de l'année, par rapport au trimestre précédent.La cause principale de ce désastre, c'est évidemment le recul de la demande extérieure qui avait alimenté la croissance de ces quatre dernières années outre-Rhin. En 2008, les exportations allemandes n'ont progressé que de 3,9 %, contre 7,5 % en 2007 et 12,7 % en 2006. Et comme le rythme de croissance des exportations est resté quasi stable, à 5,2 %, la contribution du commerce extérieur est, pour la première fois depuis 2003, négative sur la croissance allemande de 0,3 point.Mais la résistance de la demande intérieure (+ 1,6 %) ne tient guère à la consommation des ménages qui se stabilise, dont la contribution à la croissance est restée nulle. Les deux seuls piliers de l'activité allemande ont été en 2008 les dépenses de l'État, qui ont apporté 0,4 point de PIB, et surtout les investissements, avec une contribution de 0,8 point de PIB. Or ces derniers ont dû, comme le note Martin Lücke, économiste chez UBS, « reculer fortement » au dernier trimestre de 2008, comme en témoignent les dernières enquêtes. Sans reprise attendue de la demande extérieure et avec cet affaiblissement des investissements, l'Allemagne se retrouve donc sur une pente très glissante.un plan tardifLe plan de relance deuxième version, malgré ses bonnes attentions, arrive pour les économistes un peu tard. L'impact des investissements prendra en effet du temps, tandis que la tendance toujours grandissante des Allemands à l'épargne pourrait engloutir les aides aux ménages. Ainsi, le taux d'épargne a progressé en 2008 de 0,6 à 11,4 %, du jamais-vu depuis 1994. Bref, il ne fait plus l'ombre d'un doute que l'année 2009 sera la pire en termes de croissance de l'histoire économique de la République fédérale. Le record de 1975 (? 0,9 %) sera effacé, la plupart des économistes tablant désormais sur une contraction proche de 3 % du PIB cette année. n
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