Les rachats de dette subordonnée bancaire se multiplient -

Infographie140,5 mm x 124 mm Cela ressemble un peu à un petit arrangement entre amis. Les banques sont de plus en plus nombreuses à proposer aux investisseurs de racheter (UBS, Standard Chartered, Crédit Agricolegricole) ou d'échanger (Royal Bank of Scotland, Lloyds) les titres de dette subordonnée qu'elles ont émis ces dernières années. Ce qui satisfait tout le monde.Les investisseurs d'abord : ils ont ainsi l'occasion de se délester de titres devenus extrêmement difficiles à vendre sur un marché des plus illiquides. La chute de Lehman en septembre puis le refus de Deutsche Bank d'exercer son option d'achat sur une ligne de dette subordonnée en décembre ont fait fuir les investisseurs et plonger le marché. Comptabilisées à leur valeur de marché dans les livres, ces titres font ainsi apparaître d'importantes moins-values.Les banques ensuite : elles profitent de l'occasion pour renforcer leurs fonds propres de première catégorie. En rachetant des titres décotés, elles réalisent en effet un profit qui, après impôts, peut être directement intégré au capital au titre des bénéfices non distribués. « Dans le cas des banques qui lèvent fréquemment des fonds sur le marché, comme le Crédit Agricolegricole, il s'agit également d'un service rendu aux investisseurs », indique Paul-Emmanuel Micolet, qui travaille sur les marchés de dette chez Citi. En intervenant sur le marché secondaire, les banques permettent en effet une réévaluation de l'ensemble des emprunts obligataires concernés.Cette réévaluation est d'autant plus significative que, pour garantir le succès de ces rachats ou de ces échanges, les banques proposent une prime, variable selon les opérations. Typiquement, un titre qui vaudrait 60 % de sa valeur faciale sur le marché serait racheté par la banque à 70 ou 80 % de sa valeur.Pour les investisseurs, l'enjeu est maintenant de se positionner sur les emprunts des banques les plus susceptibles de racheter ou d'échanger leur dette. Barclays a en particulier été l'objet de rumeurs, car la dette hybride de la banque est très décotée et elle en détient plus que ce que les régulateurs ou les agences de notation peuvent prendre en considération.laxisme« Ces opérations sont très rationnelles du point de vue des banques, parce qu'elles risquent d'être bientôt confrontées à des régulateurs beaucoup plus regardants », commente Marie-Pierre Peillon, directrice de l'analyse financière chez Groupama Asset Management. Déplorant le laxisme des superviseurs, et en particulier de la FSA, ces dernières années, les analystes financiers, eux, ont déjà pris le pli. Depuis l'aggravation de la crise financière, ils évaluent la solidité des banques à l'aune des fonds propres « durs », les seuls qui soient de nature à absorber des pertes éventuelles. Ce qui n'est pas le cas de la dette de type « lower tier two ». Apparue au début des années 2000 après les accords de Bâle, elle a connu un franc succès car elle permettait d'améliorer le ratio de capital total à moindre coût, mais ses limites sont apparues avec la crise. À tel point que, maintenant, nombre d'analystes doutent de la survie de ce type de produit.Certains investisseurs sont tout de même amers. « Si l'on avait voulu tuer ce marché, on ne s'y serait pas pris autrement. Les banques n'ont rien fait pour empêcher leur dette subordonnée de se déprécier », confie l'un d'eux.nles régulateurs devraient bientôt devenir plus regardants.
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