Dujardin, l'idiot de Rio -

Voilà un film très attendu. Trois ans après « Le Caire, nid d'espions », Jean Dujardin revient dans « Rio ne répond plus ». Les aficionados d'Hubert Bonisseur de La Bath, alias l'agent OSS 117, ne devraient pas être déçus. Leur héros fétiche est en très grande forme, maniant avec toujours autant de charme bêtise, franchouillardise et ringardise. Cette fois, OSS 117 est envoyé à Rio pour capturer un vieux dignitaire nazi, qui se planque quelque part au Brésil. Il est aidé dans sa mission par une ravissante lieutenant-colonel du Mossad, les services secrets israéliens. Débute alors une série d'aventures, où Hubert va être confronté à des hippies, des Chinois ou encore la CIA, avant un final loufoque et grandiloquent ? singeant « La Mort aux trousses » d'Alfred Hitchcock ? au pied du Christ du Corcovado.succession de gagsDisons le tout net, « Rio ne répond plus », le deuxième volet des aventures du plus débile des agents secrets français, est une réussite. Michel Hazanavicius, déjà réalisateur du premier opus, n'a pas raté son coup. Certes, la trame est un peu faible. Mais ça n'a aucune importance, car elle n'est que le prétexte à une succession de gags et de jeux de mots. Avec « Rio », le défi de l'équipe de tournage était de ne pas faire un simple copier-coller du « Caire ». Hazanavicius voulait innover, tout en gardant l'esprit burlesque et limité qui caractérise le personnage d'OSS 117. Si le premier film relevait davantage de l'enquête, le deuxième se situe plus dans l'action, avec des clins d'?il appuyés à « L'Homme de Rio », de Philippe de Broca.Douze ans après l'épisode du Caire, le monde a bien changé : les femmes sont sur le chemin de l'émancipation, les jeunes, au bord de la rébellion. Il n'y a que ce pauvre OSS 117 qui reste le même, suffisant, inculte et, pour tout dire, totalement crétin. Le côté navrant du héros est exacerbé par des dialogues soignés. Ajoutez à cela la remarquable interprétation de Dujardin et le tour est joué. Plusieurs scènes sont ainsi irrésistibles. Par exemple, quand OSS 117 sauve une Chinoise anti-Mao de dangereux tueurs communistes, elle le remercie en lui disant : « Décidément, je déteste les rouges. » Et lui de répondre « Euh, non, ils étaient jaunes. » bêtise paroxistique Mais les moments les plus forts restent incontestablement ceux où Bonisseur de La Bath est confronté aux agents israéliens. Là, on a droit à un festival de poncifs sur les juifs. Dans un autre contexte, ce serait borderline. Ici, c'est désopilant, tellement la bêtise est portée à son paroxysme et remarquablement incarnée. La rencontre avec les nazis est également prétexte à des dialogues savoureux. À cet égard, on remarquera l'excellente interprétation à contre-emploi de Rüdiger Vogler ? l'un des acteurs fétiches de Wim Wenders ? dans le rôle du méchant nostalgique du Reich. Vivement le troisième volet, s'il continue dans cette veine.
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