L'international, un eldorado qui perd de son éclat

La politique de développement à l'international des banques françaises a porté ses fruits. Elle a contribué à développer et diversifier leurs revenus, permettant le plus souvent des rééquilibrages en cas de « coup dur » sur les métiers traditionnels ou le marché domestique. Mais lorsque la crise est mondiale, l'exposition à l'international multiplie les sources de faiblesse. Les résultats de 2008 et du début 2009 le prouvent. Si, dans la plupart des cas, les revenus de l'international ont continué à croître pour les réseaux, les difficultés s'amoncellent, notamment au niveau du coût du risque. L'exposition à tel ou tel pays renforce les difficultés. Sur les quinze derniers mois, le coût du risque s'est élevé, pour BNP Paribas, à 562 millions d'euros chez BankWest, et à 272 millions chez l'ukrainienne UkrSibbank. Du côté du réseau de Société Généralecute; Générale, la Russie a coûté 300 millions d'euros de dépréciations. Mais alors que ces réseaux internationaux restent encore rentables pour BNP Paribas et la Société Généralecute; Générale, pour le deuxième trimestre consécutif, la banque de détail à l'international de Crédit Agricolegricole SA (Casa) est dans le rouge (? 21 millions sur les trois premiers mois de l'année). Au-delà du coût du risque et des dépréciations, la Banque verte doit remettre au pot (près de 1,1 milliard d'euros depuis le début de l'année) pour ses participations en fonds propres.la déception EmporikiLe dernier trimestre 2008, avec sa perte de 671 millions d'euros pour la banque de détail à l'international, avait, d'un coup, effacé un tiers des bénéfices accumulés par Casa de 2003 à 2007. Certes, les mauvaises nouvelles sont, pour l'essentiel, le fait de la grecque Emporiki, qui a continué à perdre de l'argent sur le premier trimestre 2008 (168,7 millions d'euros). Cette banque qui, selon les mots de Crédit Agricolegricole en avril 2007, devait « servir de porte-avions pour le groupe » dans les pays du Sud-Est de l'Europe a subi de plein fouet la crise économique et sociale grecque depuis l'été dernier, et ne séduit plus trop : alors qu'Emporiki vient de clore son augmentation de capital de 850 millions d'euros, la Banque verte a dû compenser le peu d'empressement des investisseurs, la contraignant à accroître sa participation de 72 % à 82 %, soit un apport de près de 700 millions d'euros.Crédit Agricolegricole doit aussi, dans une moindre mesure (de l'ordre de 100 millions), contribuer à hauteur de sa participation (23 %) à l'augmentation de capital de Bankinter. Entré au capital de la banque en novembre 2007, Casa a progressivement racheté des titres, sans souhaiter franchir la barre des 29,9 % ni demander de siège au conseil d'administration. L'intérêt n'est pas non plus financier : Bankinter a rapporté 21 millions d'euros de bénéfice au premier trimestre. Last but not least, Casa vient de souscrire à l'augmentation de capital de la banque portugaise Espirito Santo, soit une facture additionnelle de 280 millions d'euros. Cet investissement lui a rapporté 25 millions de profits sur le trimestre. Autre acquisition de 2006, l'ukrainienne IndexBank a, en 2007 et 2008, enregistré des écarts d'acquisition. Il reste donc au Crédit Agricolegricole à miser sur sa banque italienne Cariparma-FriulAdria (235 millions de bénéfices en 2008, 51 millions au premier trimestre) pour trouver des satisfactions dans son réseau à l'international. G. L. S.
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