Pierre Mongin préparera la RATP à l'ouverture du marché

Transformer la RATP en « véritable entreprise de service public, bien au-delà » du statut de « simple régie locale ». L'intention de Nicolas Sarkozy est claire : la Régie va devoir se réformer. Fin juin, le chef de l'état a ainsi mis fin aux rumeurs d'éviction de l'actuel PDG de la RATP, Pierre Mongin, fragilisé par son passé de villepiniste, en lui proposant « le défi » de l'ouverture du marché des transports franciliens à la concurrence dans les années à venir. Pierre Mongin, dont le nom figure parmi ceux des représentants de l'État et administrateurs qualifiés nommés par décret (paru au « Journal officiel » de samedi), devrait ? sauf coup de théâtre politique ? être reconduit à la tête de la RATP, poste qu'il occupe depuis 2006, lors d'un conseil d'administration le 23 juillet. Son renouvellement serait confirmé en Conseil des ministres le 29 juillet.« L'attente entourant cette reconduction a mis la pression à Pierre Mongin mais les noms qui ont été cités au titre de sa succession [Roger Karoutchi et Jacques Rapoport, qui tiennent à leurs postes respectifs de secrétaire d'état aux Relations avec le Parlement et de directeur général délégué de La Poste, Ndlr] n'ont convaincu personne », lâche un proche du dossier. Pour ce dernier, « le changement de statut de la RATP n'est ni nécessaire ni à l'ordre du jour ». Pourtant la Régie va devoir se préparer sérieusement à la libéralisation de son monopole historique (dont, surtout, le métro parisien), dans le cadre du règlement européen d'obligation de service public (OSP), applicable dès la fin 2009. En pratique, la réforme pourra être appliquée progressivement, la loi prévoyant une période d'adaptation de vingt ans. « La RATP ne sera pas inquiétée sur son pré carré avant l'arrivée, à long terme, de challengers étrangers tels la Deutsche Bahn et Trenitalia », juge un expert. Nicolas Sarkozy a évoqué une fourchette très large de « quinze à trente ans » pour cette réforme.projets du Grand ParisMais ce dernier a déjà prévenu que la concurrence jouera à plein dans le cadre des appels d'offres du volet transport du Grand Paris, dont les travaux sont estimés à 35 milliards d'euros. Les opérateurs de transport urbain français ? la RATP, la SNCF, mais aussi Veolia et Transdev ? tentent de peser dans la définition des projets du Grand Paris, pour que ces derniers leur soient favorables. « Le prolongement prévu de la ligne automatique 14 ? Ce sera la RATP ! », se félicite par exemple la Régie. Cette dernière préfèrerait, en outre, que la rocade ferrovaire du Grand Paris (chantier phare du projet) soit souterraine, à l'image de son métro, et non pas en extérieur et à vitesse soutenue, ce qui favoriserait la SNCF. « Le gouvernement a considéré l'option d'un rapprochement des trains franciliens de la SNCF, les transiliens, dans le giron de la RATP. Cette dernière n'est pas inquiétée ! », assure un observateur.diversifier la régieQuoi qu'il en soit, visant une rentabilité de 2 % dès 2009 (contre 1,1 de productivité physique en 2007 et 1,6 en 2008), la Régie est condamnée à se diversifier, notamment à l'international. Cette dernière « monnaie » sa sortie de Transdev (25 % du capital), pour en conserver des actifs à l'international. Présente en Afrique du Sud ou au Brésil, la RATP a récemment créer une société commune avec Veolia pour pénétrer le marché asiatique. Autant de défis qui rentrent dans le cadre de la « lettre de mission » tacite de Nicolas Sarkozy à Pierre Mongin.
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