Les vaccins contre la grippe A constituent une aubaine pour les labos

harmacieUn mois après que la propagation du virus de la grippe A (H1N1) a été désignée comme pandémie par l'OMS et alors que le cap des 100.000 cas mondiaux est franchi, tous les gouvernements ont les yeux tournés vers les laboratoires pharmaceutiques. Ces derniers, qui ont reçu en juin de l'OMS les souches virales nécessaires à l'élaboration d'un vaccin, travaillent d'arrache-pied pour parvenir à livrer les premiers les précieuses doses. C'est que les enjeux de la pandémie sont réels pour l'industrie.La France a officialisé hier sa commande de 128 millions de doses de vaccins (dont 94 millions fermes) pour un milliard d'euros. Les fournisseurs sont Sanofi Pasteur MSD (coentreprise avec l'américain Merck), le britannique GSK et le suisse Novartis. Tous trois se partagent la quasi-totalité du marché mondial des vaccins antigrippaux (2 milliards d'euros au total). La commande française permettra dans un premier temps de vacciner les trois quarts des Français, s'il est établi que deux vaccinations par individu sont nécessaires. « Les essais cliniques [Ndlr, sur l'homme] prévus en août devront clarifier ce point », indique-t-on chez Sanofi Pasteur MSD. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie, ont aussi officialisé leurs commandes, l'Allemagne est en passe de le faire (lire infographie). Mais gouvernements et laboratoires restent discrets sur le détail de ces contrats hautement stratégiques. À commencer par les prix. En France, le montant donné hier fait ressortir un prix unitaire de 7,80 euros, soit 30 % plus cher qu'un vaccin saisonnier (6 euros).intérêt stratégiqueContrairement à la stricte logique de marché, la perspective d'une pandémie, donc d'importants volumes de vaccins à fournir, n'a semble-t-il pas joué en faveur des acheteurs. « Il y a un lien direct entre l'ampleur de la contamination et la rentabilité d'un vaccin », souligne l'économiste Claude Le Pen. Par ailleurs, les différences de prix seraient importantes selon les pays. « En Allemagne, certains laboratoires proposent un prix fabricant de 15 euros ! », croit savoir un observateur. Idem aux États-Unis : « les prix y sont libres et un vaccin antigrippal classique est vendu environ 12 dollars. On peut imaginer que le prix des vaccins contre la grippe A sera du même ordre », note Claude Allary, associé au cabinet de conseil Bionest. Chez Sanofi, on jurait hier qu'il « n'y a pas de politique de prix différenciés, hormis des rabais pour les pays en développement ».Même à 6 euros le vaccin, les recettes additionnelles seront importantes pour les laboratoires. Selon les experts, un tel prix de vente au consommateur correspond à une recette de 3 à 4 euros pour le fabricant. Soit 300 à 400 millions d'euros de chiffre d'affaires dans le cas français. Quand on sait que dans l'Hexagone, GSK a vendu l'an dernier 140,6 millions d'euros de vaccins en 2008, et que Sanofi Pasteur affiche quelques centaines de millions de chiffre d'affaires, on comprend l'intérêt stratégique des industriels dans ce domaine.Dès lors, c'est à qui mettra le premier son produit sur le marché. Sur ce point, rien n'est acquis. « Contrairement à ce qu'indiquent les labos, ces délais ne sont pas prévisibles à quelques semaines près », indique Claude Allary, qui rappelle que, chaque année, le vaccin contre la grippe saisonnière est disponible à une date légèrement différente.
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