Verdi ou l'assassinat

Un bal masqu頻 est de ces opéras qui n'ont pas besoin d'être connus ou reconnus pour enchanter le public. L'intrigue, comme souvent assez farfelue et peu crédible, sert surtout de faire-valoir aux chanteurs et aux metteurs en scène, comme aujourd'hui, Gilbert Deflo. L'intrigue est inspirée d'un événement réel, l'assassinat du roi de Suède Gustave III par des conjurés lors d'un bal masqué, en 1791, auquel vient s'ajouter une intrigue amoureuse de pure invention. C'était là un schéma de mélodrame assez classique, auquel l'attentat d'Orsini visant Napoléon III qui se rendait à l'Opéra, en 1858, rendit soudain une actualité brûlante.S'ensuivirent de nombreux démêlés entre Verdi et la censure, qui ne pouvait accepter de voir la scène s'emparer d'un régicide. Le compositeur transposa alors l'action à Boston au XVIIe siècle et fit de Gustave III un comte de Warwick nommé Riccardo?Créé en 1859 ? Verdi avait alors 46 ans ? « Un bal masqu頻 intervient peu de temps après la géniale trilogie « Rigoletto-Il Trovatore-La Traviata », ces trois opéras constituant indéniablement le meilleur du compositeur italien. Le « Bal » en a l'élan, la verve et cette musicalité entraînante qui nous pousserait presque à fredonner avec les chanteurs. Plus que jamais, Verdi démontre ici son incroyable talent à tenir en haleine son public sans temps morts ni récitatifs ennuyeux. Un peu comme une phrase musicale ininterrompue et envoûtante.noir et blancDéjà donnée il y a deux ans à la Bastille, cette version diffère uniquement par son chef d'orchestre. Cette fois, Renato Palumbo tient la baguette ? un chef imprégné de l'écriture verdienne qui a récemment dirigé « Aïda » et « Rigoletto » aux Arènes de Vérone, « Don Carlo » au Staatsoper de Vienne. Quant aux chanteurs, Evan Bowers (Riccardo), Angela Brown (Amelia), Elena Manistina (Ulrica), ils étaient déjà de la fête en 2007.Les décors et les costumes de William Orlandi sont un enchantement pour les yeux comme pour l'esprit. Le parti pris dans le troisième acte de décliner les décors et les costumes de tous les personnages sur le thème du noir et du blanc participe avec bonheur à l'intensité dramatique de l'action. Il faut dire que les héros du « Bal » ne font pas dans la demi-mesure, Riccardo préférant notamment mourir bravement et pardonner à ses ennemis plutôt que de s'enfuir. Les intermèdes dansés sont tout aussi réussis. Un vrai moment de bonheur musical, loin des mises en scène minimalistes, laides et ennuyeuses que trop de metteurs en scène se plaisent à nous imposer aujourd'hui. n « Un Bal masqu頻 à l'Opéra-Bastille à Paris, du 19 avril au 23 mai, à 19?h?30 (les 3 et 17 mai, 14?h?30). Tél. : 08.92.89.90.90. www.operadeparis.f
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