Balise

Les affiches ont commencé à fleurir il y a un an, figurant un homme nonchalant en costume, aux cheveux hirsutes, adossé contre un mur, avec les tours de Hong Kong en toile de fond. Puis les informations ont commencé à filtrer, sur le tournage (qui a duré six mois) et le budget de 25 millions d'euros ? explosif pour un film français. Tomer Sisley, l'acteur principal de « Largo Winch », parle sans détour de ce film adapté de la célèbre bande dessinée au titre éponyme signée Jean Van Hamme et Philippe Francq. « Ça aurait pu être une grosse bouse, il existait déjà médiatiquement un an avant sa sortie. Et en cela, c'est un événement. » humour et cascadesMais rassurons-nous. « Largo Winch » n'a rien d'une déjection bovine. Jérôme Salle, son réalisateur, a réussi un film familial d'aventures plutôt enlevé. Une ?uvre de bonne facture, saupoudrée d'humour, remarquablement interprétée, où cascades et autres courses poursuites sont contrebalancées par des personnages souvent plus complexes que ne l'exige le genre. Tout commence dans la baie de Hong Kong. C'est là que Nerio Winch, la 5e fortune du monde, a choisi de s'établir à bord d'un yacht. Avant d'être assassiné par un mystérieux plongeur. Reste à savoir qui va reprendre les rênes de son vaste empire. Ses associés aguerris aux lois du marché comme Ann Fergusson (carnassière Kristin Scott Thomas)? ? Ou Largo Winch, ce fils adoptif sorti de nulle part auquel Nerio a pourtant tout légué?? Pour beaucoup, pas facile de se faire à cette idée. D'autant que Largo est accusé de trafic de drogue, pourchassé par de vilains barbouzes, et franchement peu enclin à prendre la suite de son paternel.Salle n'a pas lésiné sur les moyens pour offrir du grand spectacle, même si l'on est certes ? ici ?, loin des débordements hollywoodiens. Castagnes à gogo sur fond de mambo, nuits torrides, poursuites en hélico, bus lancés à vive allure. Toutes les figures du genre sont respectées. Sans oublier le tour du monde imposé. Avec Largo, on se réveille dans le Mato Grosso (Brésil) pour s'endormir à Macao, après avoir fait escale en Croatie. Difficile de ne pas penser à James Bond même si l'agent de Sa Très Gracieuse Majesté jouit quand même d'un standing plus élevé. Aussi le réalisateur a-t-il choisi de marquer sa différence par rapport au genre et à la bande dessinée, en étoffant ses personnages. À commencer par Largo dont il creuse les failles. Né orphelin, ce dernier a été adopté par Nerio Winch dès son plus jeune âge, puis confié à une famille yougoslave à laquelle il est arraché à l'âge de 10 ans pour parfaire son éducation. Sans que son père ne lui donne cet amour filial qui lui manque tant. « Largo Winch » balance donc habilement entre film d'aventures et quête d'identité. bémolTomer Sisley s'impose avec force dans le rôle-titre par un jeu tout en sobriété, toujours juste. À ses côtés, le casting ? de choix ? permet notamment de retrouver un Gilbert Melki totalement inattendu, parfait dans le rôle de ce bras droit dont on ne sait s'il est fidèle ou traître à ses patrons. Un bémol cependant?: dommage que tous les acteurs aient été massacrés par le coiffeur recruté pour l'occasion?! n À voir également, « LARGO », un documentaire d'Yves Legrain Crist qui a suivi, un an durant les auteurs de la bande dessinée, dévoilant ainsi le processus de création des albums. Disponible en DVD.
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