EDF doit convaincre la Bourse sur ses ambitions mondiales

Qu'il semble loin le temps où EDF caracolait en tête des plus fortes capitalisations boursières françaises, devançant, après une bataille de haute lutte, le groupe pétrolier Total. Mais depuis le début de la crise financière, les anciens équilibres ont repris leurs droits et la major pétrolière française a retrouvé sa suprématie, avec une valorisation de 98 milliards d'euros contre 76 milliards pour EDF. Au meilleur de sa forme, l'électricien devançait de plus de 20 milliards son challenger. Symbole fort?: il est d'ailleurs à remarquer que plus aucun fleuron de la cote française ne dépasse aujourd'hui le seuil des 100 milliards d'euros de capitalisation boursière.Pourquoi un tel revirement alors que les prix de l'or noir ne cessent de reculer depuis le mois de juillet dernier, situation a priori peu favorable à Total?? À l'évidence, les investisseurs se posent des questions sur la stratégie de l'électricien français et sur sa capacité à relever plusieurs défis, dont celui de son internationalisation et de ses ambitions dans le nucléaire. De même, les analystes se demandent si la baisse de la consommation n'aura pas quelques incidences sur l'activité du groupe, essentiellement du côté des entreprises. Lors de la publication du résultat semestriel, Pierre Gadonneix avait d'ailleurs été assez clair sur les difficultés qu'il attendait, précisant que pour 2008 « le résultat devrait continuer à être marqué par la hausse de certains coûts d'exploitation (achats d'énergie, maintenance et transformation), et aussi par les effets de l'important programme d'investissements du groupe ».Depuis, EDF est effectivement confronté à une série de révisions à la baisse de plusieurs cabinets d'analyse mais aussi d'agences de notation. En cause?: les deux opérations de rachat de British Energy et de Constellation, mais aussi les coûts opérationnels supplémentaires liés à la centrale nucléaire de nouvelle génération EPR. Standard & Poor's a ainsi placé les notes de crédit à court et long terme d'EDF sous surveillance négative après l'offre de l'électricien tricolore sur le britannique. L'agence de notation s'inquiète du profil financier d'EDF à l'issue de cette transaction. Moody's, de son côté, redoute une hausse des risques commerciaux et opérationnels, ainsi qu'un impact négatif sur le profil de la dette d'EDF. Le courtier Cheuvreux a pour sa part ramené son objectif de cours sur la valeur de 61 à 47 euros, en raison des coûts financiers induits par les ambitions d'EDF à l'international.« excellente nouvelle »D'autres spécialistes ne portent pas le même regard sur le groupe. « L'opération Constellation est une excellente nouvelle pour la poursuite de l'aventure américaine d'EDF, qui ne peut trouver des ressorts de croissance qu'à l'extérieur du territoire national alors que la pression sur les tarifs reste plus que d'actualit頻, estime Patrice Lambert de Diesbach, patron de la recherche chez CM-CIC Securities. L'annonce hier de l'accord trouvé avec les membres du conseil d'administration de Constellation a d'ailleurs été plutôt favorablement accueillie par la Bourse, la valeur ayant terminé la journée sur un gain de 2,16 %, à 42,26 euros. Par rapport au cours du 1er janvier, la performance n'est toutefois pas brillante, avec une chute de 48 % du titre. Évolution assez proche de celle de l'indice phare parisien, le CAC 40, qui lâche 42 %. Selon le patron d'EDF lui-même, la société n'est pourtant pas vraiment sensible à la crise, avec une vision stable sur les ventes, essentiellement aux particuliers. Il met également en avant la solidité de la structure financière de son entreprise et sa confortable capacité d'endettement.
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