« ? La SEC manque de compétences critiques ? »

L'affaire Madoff constitue-t-elle une faillite de la Securities and Exchange Commission (SEC) ?Nous ne connaissons pas encore tous les faits. Mais certaines alertes auraient dû permettre à la SEC d'agir plus rapidement qu'elle ne l'a fait. La plus précise a été donnée dès 2005, dans une lettre très détaillée envoyée à la Commission. Ses destinataires auraient dû agir. Les premiers avertissements remonteraient jusqu'en 1991, mais je ne sais pas à quel point ils étaient détaillés.La SEC a-t-elle les moyens de remplir sa mission ?L'agence a besoin de ressources différentes, en matière de technologie, de formation et de capacité à suivre le rythme face à des marchés dynamiques et changeants. Ce n'est pas qu'une question de dollars. La SEC manque de toute une série de compétences critiques. Dans le cas Madoff, la division en charge de la surveillance de ce domaine n'avait tout simplement pas la compréhension de techniques de trading sophistiquées, impliquant des produits dérivés complexes. La formation et l'évaluation des risques seront des priorités. Une assistance additionnelle sera aussi nécessaire pour la division surveillance. Celle-ci a été affaiblie ces quatre dernières années.Comment cela ?Idéologiquement, les commissaires de la SEC souhaitaient une division surveillance moins agressive s'agissant des sociétés. Du fait de ce positionnement, l'agence a été moins pro investisseur et davantage pro business. La loi Sarbanes-Oxley était terriblement importante et efficace. Mais les administrations républicaines et démocrates des quinze dernières années ont fait pression sur les régulateurs pour qu'ils soient plus accommodants. Il y a deux ans, le secrétaire d'État au Trésor, Henry Paulson, le sénateur Schumer et le maire de New York ont suggéré que la régulation était un frein à l'activité américaine. Ce genre de détournement des intérêts des investisseurs nous a conduits à l'environnement actuel, dans lequel ces derniers se sentent négligés par les régulateurs et abusés par les intérêts des milieux d'affaires.Ce scandale incitera-t-il à la réforme de la régulation américaine ?Nous sommes à l'aube d'une révision en profondeur de notre système de régulation. Nous devons fusionner les agences qui doublonnent, la SEC et la CFTC doivent être réunies. Mais, plus important, ces instances doivent avoir des dirigeants forts, proactifs. Sans eux, le système ne peut fonctionner et les changements d'organisation échoueront.Quel regard portez-vous sur Mary Schapiro, appelée à présider la SEC ?Elle a une grande expérience et a su prendre des positions en faveur des investisseurs par le passé. La question clé est de savoir quels types de recrutements elle fera pour des postes clés au sein de la SEC. Pour moi, elle devra changer tous les directeurs.Propos recueillis par Christèle Fradin * Arthur Levitt est conseiller chez Carlyle Group et coprésident de Promontory Financial Group.
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