Metro veut profiter des déboires d'Arcandor

Les grands magasins allemands pourraient se marier. Hier, le groupe de distribution Metro, propriétaire de la chaîne Kaufhof, a officiellement fait part de son intérêt pour le rachat de Karstadt, filiale de magasins identiques de son concurrent Arcandor. Ce dernier est actuellement en grande difficulté et a déposé une demande de garantie à l'État fédéral de 650 millions d'euros pour refinancer des crédits venant à échéance à la mi-juin. Selon la presse allemande, Metro pourrait obtenir 49 % du nouveau groupe, qui réaliserait 7,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires. La même participation serait prise par les deux fonds de Goldman Sachs et de Deutsche Bank actuellement propriétaires des locaux des magasins Karstadt. Une entrée en Bourse du nouveau groupe serait envisagée à terme.Reste que ces projets demeurent dans les limbes. Metro a reconnu n'avoir pas encore engagé de discussions officielles avec Arcandor. Il est vrai que, voici une semaine, le président de Metro, Eckhard Cordes, avait vigoureusement démenti tout intérêt de son groupe pour Karstadt. La prudence reste donc de mise. D'autant que la fusion des deux groupes est un vieux serpent de mer outre-Rhin. La proximité géographique des magasins des deux concurrents dans le centre de plus d'une centaine de villes d'Allemagne, leur faible rentabilité et leurs modèles de développement assez équivalents font régulièrement revenir sur le devant de la scène la création d'une chaîne unique. Jusqu'ici en vain.Cette fois encore, les obstacles ne manquent pas. Arcandor a d'ailleurs accueilli la nouvelle assez négativement, voyant des « inconvénients pour les clients, les salariés et la concurrence » à une offre éventuelle de Metro. Pour le moment, la direction d'Arcandor cherche à obtenir une solution qui permettre de sauvegarder l'unité du groupe. Car d'autres prédateurs sont entrés dans la ronde pour se partager Arcandor. Le groupe de supermarchés Rewe ne cache pas son intérêt pour les agences de voyages Thomas Cook, fleuron d'Arcandor qui réalise plus de 55 % de ses ventes, tandis qu'un autre distributeur, Otto, lorgne sur les filiales Karstadt Sport et la vente à distance.casse-têteLa balle est en fait dans le camp du gouvernement. Si Berlin estime qu'une offre de Metro permet de trouver une issue « privée » à la crise d'Arcandor, il pourra limiter ou refuser son soutien. Mais il prendra alors le risque soit d'une réduction drastique des personnels en cas de fusion, soit d'un refus des autorités de la concurrence. Un casse-tête de plus, donc, pour le ministre de l'Économie, Karl-Theodor zu Guttenberg. Romaric Godin, à Francfort
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