L'espagnol Prisa s'inflige un remède de cheval

MediasPour la première fois en plus de vingt ans, le groupe Prisa ne distribuera pas de dividendes sur l'exercice achevé. En sus, il n'en distribuera vraisemblablement pas non plus sur les deux prochains. C'est une mauvaise nouvelle qu'Ignacio Polanco et Juan Luis Cebrían, respectivement président et administrateur délégué du premier groupe espagnol de médias (dans la presse écrite avec « El País » ou la télévision avec la Cuatro), ont annoncée hier à leurs actionnaires réunis pour leur assemblée annuelle.Cette réduction à zéro du « pay out » (part du bénéfice distribuée) est une exigence des banques créancières qui se maintiendra tant que le ratio entre dette et Ebitda (résultat d'exploitation) ne redescend pas en dessous du seuil de 3,5. Ce ratio avoisine aujourd'hui 5,3 si l'on inclut la dette subordonnée. Les actionnaires ne seront toutefois pas les seuls à devoir se serrer la ceinture, ont ajouté les deux hommes. Leur sort sera partagé par les membres du conseil d'administration, qui ne recevront pas de rémunération pour leurs jetons de présence en 2009, après l'avoir vu réduite de 10 % en 2008. Les cadres dirigeants vont, eux, subir dès cette année une réduction de 8 % de leur rémunération. Et l'ensemble des employés seront « invités », dans le cadre de la négociation collective en cours, à accepter de rogner leurs salaires dans la même proportion.Austérité mise à part, les responsables de Prisa espèrent sortir de l'ornière par le biais de la cession d'actifs, en essayant toutefois de « maintenir l'actuel périmètre de consolidation », c'est-à-dire en cédant des participations minoritaires au sein de filiales rentables du groupe. Bien que Juan Luis Cebrían ne l'ait pas rappelé, Prisa songe notamment à sa société d'édition, Santillana, dont l'activité est moins cyclique. Quant à la vente de Digital + au tandem Vivendi-Telefónica, le patron de Prisa a donné le sentiment que le dossier était clos? pour le moment en expliquant que « les offres présentées en décembre dernier étaient très inférieures à un niveau raisonnable ».imprudente OPAAu milieu de ce sombre panorama, les responsables de Prisa ont voulu toutefois apporter une lueur d'espoir en rappelant qu'il était l'un des rares groupes de médias qui aient pu présenter en 2008 un Ebitda sans recul par rapport à 2007. Ce qui devrait se répéter en 2009. De fait, les problèmes du groupe ne se situent pas au niveau de ses revenus récurrents, mais proviennent du coût de la dette, alourdie par l'imprudente OPA sur les 100 % de Sogecable lancée en décembre 2007, alors que la crise, pourtant, pointait déjà à l'horizon.Thierry Maliniak, à Madrid
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