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grande-bretagneLe scandale des notes de frais fait tomber une tête à WestminsterTrente-neuf secondes, montre en main. C'est le temps qu'il aura fallu au « speaker » (président) de la Chambre des communes pour annoncer sa démission. La décision est pourtant historique et marque un point bas dans l'histoire de Westminster. Seul un autre speaker a ainsi été humilié? en 1695, pour corruption.« La Chambre est à son meilleur quand elle est unie, a déclaré du haut de sa chaire Michael Martin, le speaker. Pour maintenir cette unité, je vais renoncer à la fonction de speaker de la Chambre le dimanche 21 juin. Cela va permettre d'élire un nouveau speaker le lundi 22 juin. C'est tout ce que j'ai à dire sur le sujet. »La chute est violente pour cet ancien ouvrier métallurgique de Glasgow, qui a gravi les échelons politiques via le syndicalisme, avant de devenir député travailliste il y a trente ans. Mais les élus britanniques avaient besoin qu'une tête tombe et c'est désormais chose faite. Le paradoxe est que Michael Martin n'est pas accusé d'avoir lui-même abusé des notes de frais (malgré une utilisation à titre personnel des miles aériens acquis pendant son travail). Mais il s'est montré mauvais leader depuis que le « Daily Telegraph » a commencé à révéler le scandale des frais des députés. Plutôt que de mener les réformes du système des indemnités, il a préféré défendre les parlementaires, s'en prenant même en pleine séance à une députée qui réclamait une remise à plat des procédures.un sentiment d'injustice Sa démission est loin de mettre un point final à l'affaire. Gordon Brown, dans une conférence de presse réunie dans l'urgence, a annoncé hier soir le début d'une réforme du système des frais. « Le Parlement ne peut plus opérer comme un club de gentlemen qui mettent en place leurs propres règles, sinon le public continuera à s'interroger sur sa transparence. » Désormais, la supervision des notes de frais sera externalisée à un organisme indépendant. En revanche, la réforme concernant les frais eux-mêmes devra attendre encore plusieurs semaines. « Il est impossible de surestimer l'importance de la crise, estime Vernon Bogdanor, professeur d'affaires constitutionnelles à Oxford. Il y a quelques mois, il n'était pas acceptable de critiquer en public le speaker. »Mais dans les couloirs de Westminster, à l'abri des salons de thé où seuls les parlementaires sont autorisés, le sentiment dominant n'est pas la contrition, mais plutôt la colère. « Il y a un sentiment d'injustice notamment face à la rage des Britanniques, souligne un assistant parlementaire. Les députés étaient persuadés d'agir en toute légalité. » Benoît Charvet, autre assistant parlementaire, confirme : « Il a eu clairement des abus de la part d'un certain nombre de députés, mais ils sont une cible facile. On ne devient pas parlementaires pour s'enrichir. Des gens honnêtes ont été traînés dans la boue. »Pourtant, la confiance de l'opinion britannique envers Westminster est historiquement basse. Ceux qui mènent la campagne pour les élections européennes font face à une véritable poussée de colère populaire et les partis antieuropéen et d'extrême droite ont toutes les chances de sortir les grands vainqueurs du scandale. n Le speaker démissionne, une première en trois siècles. L'opinion publique concentre sa colère sur les députés.
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