Les équipementiers allemands en crise

utomobileLa prime à la casse de 2?.500 euros a redonné des couleurs au marché automobile allemand. En mai, les immatriculations ont bondi de 40 % outre-Rhin. Mais la crise n'en fait pas moins de sérieux ravages sur la puissante industrie équipementière du pays, pourtant forte d'une excellente réputation et d'une internationalisation avancée.Pas moins de 45 fournisseurs de pièces automobiles se sont ainsi mis en dépôt de bilan depuis le début de la crise en novembre 2008, touchant plus de 53.000 salariés sur les 330.000 que compte la branche, selon les calculs du quotidien « Frankfurter Allgemeine Zeitung ». Et ce alors que les grosses PME allemandes sont toujours citées comme l'exemple à suivre par leurs rivales hexagonales.Ces dépôts de bilan touchent même des entreprises prestigieuses comme le carrossier Karmann. Le spécialiste des cabriolets avait lancé un plan de restructuration en septembre 2008, mais ses comptes se sont vite dégradés, et il n'est plus en mesure d'assumer le coût des suppressions d'emplois prévues portant sur la moitié de ses effectifs (4.460 en Allemagne).Mesures exceptionnellesLes autres fabricants de composants germaniques n'en sont pas là, mais ils rencontrent de grosses difficultés financières et redoutent que la crise ne se prolonge en 2010. Le premier d'entre eux, Bosch, indique que ses ventes devraient reculer de 15 % en 2009, selon le quotidien « Handelsblatt ». Il a annoncé 3.000 suppressions d'emploi dans le monde. Le mécanicien ZF, spécialiste des boîtes de vitesse, a vu son chiffre d'affaires reculer d'un tiers sur les cinq premiers mois de 2009 et prévoit d'enregistrer des pertes cette année. Son rival Getrag a dû recourir à une aide du Land de Bade-Würtemberg, qui a approuvé une garantie de plus de 20 millions d'euros pour lui assurer ses financements à moyen et à long termes.Continental, deuxième équipementier allemand, a annoncé hier qu'il repoussait de quelques jours le paiement des salaires de juin pour 45.000 employés allemands et certains en France et aux États-Unis. Le montant atteint 100 millions d'euros. Le groupe explique avoir pris cette mesure pour éviter de dépasser le ratio d'endettement sur lequel il s'était engagé auprès des banques.Cette crise a d'ailleurs transformé en cauchemar l'OPA de plus de 11 milliards d'euros lancée par Schaeffler sur Continental en juillet 2008. Le groupe familial, spécialiste des roulements à bille, a dû fortement s'endetter à cette fin, d'environ 10 milliards. Les deux équipementiers, exsangues, examineront d'ici à la fin juillet la suite à donner à leur tentative de rapprochement. Alain-Gabriel Verdevoye
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